Delémont, le 23 janvier 2007
Les archéologues jurassiens en ont désormais le cœur net: le chapiteau (partie supérieure d'une colonne) conservé au musée jurassien d'Art et d'Histoire de Delémont appartient bien au monument funéraire romain découvert sur le tracé de l'A16. Dernièrement, le recollement d'un fragment d'une feuille sculptée provenant des fouilles récentes avec le chapiteau en fournit la preuve définitive, quelque cent septante ans après sa découverte.
En effet, par son style architecturale et décoratif, le mausolée de Delémont, daté du IIe siècle après J.-C., atteste de la parfaite intégration de la personne qui l'a fait édifié dans le monde gallo-romain, de l'activité d'un atelier d'architecture et de sculpture de très bon niveau et de l'existence insoupçonnée il y a peu d'une villa romaine à Rossemaison. Il pourrait même y avoir eu une agglomération à l'emplacement du probable carrefour routier où s'est installée l'actuelle ville de Delémont.
Delémont a ainsi perdu un patrimoine du Haut Moyen Age qui existe pourtant selon les textes et dont les vestiges restent à retrouver. Par contre, la ville a consolidé ses racines gallo-romaines de manière importante avec un monument de prestige d'une qualité architecturale et iconographique totalement inattendue.
Le chapiteau découvert dans les années 1830 dans la plaine de la Communance, près de Delémont, était à la base de plusieurs interprétations qui le rattachaient soit à une chapelle érigée vers 650 sur les ruines d'un temple romain par saint Germain, premier abbé du monastère de Moutier-Grandval, soit aux origines préurbaines et médiévales de la ville de Delémont. Ces hypothèses, l'une comme l'autre, n'ont plus raison d'être aujourd'hui.