L’Office de l’environnement (ENV) en collaboration avec le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) publie un rapport exhaustif sur la situation des substances per- et polyfluoroalkylées, appelées PFAS, dans le canton du Jura. Ce document vise à dresser un état des lieux initial de la présence des PFAS dans l’environnement, à éclairer le cadre légal en vigueur et à définir les prochaines étapes pour mieux appréhender cette problématique environnementale et sanitaire importante.
Les PFAS, communément appelés «polluants éternels», sont des substances synthétiques largement utilisées dans l’industrie en raison de leur stabilité chimique. Les PFAS sont appliqués dans une très vaste palette de produits tels que les mousses anti-incendie, les textiles techniques, les produits imperméabilisants, les peintures, les emballages alimentaires, les casseroles à revêtement antiadhésif, les cosmétiques, l’électronique, les batteries, les pompes à chaleur, et bien d’autres encore. Leur résistance exceptionnelle rend ces substances persistantes dans l’environnement, où elles sont omniprésentes. Elles s’accumulent dans les sols, les eaux, les organismes vivants et donc, aussi, dans l’organisme humain.
Le rapport 2024 sur les PFAS dresse un état des lieux initial de la situation des PFAS dans le canton du Jura en fonction des connaissances disponibles à ce jour. Il met en lumière les impacts environnementaux et sanitaires de ces substances, tout en faisant état des valeurs limites légales applicables en Suisse et des lacunes réglementaires actuelles.
Dans le cadre de cette étude, des analyses ont été menées sur l’eau potable, les eaux souterraines, les cours d’eau, les décharges, ainsi que sur certaines denrées alimentaires comme les poissons et les œufs. Les principales conclusions sont les suivantes:
- Qualité de l’eau (potable, souterraine, cours d’eau et eaux usées): la présence de plusieurs PFAS a été identifiée, mais à des concentrations inférieures aux valeurs limites imposées ou recommandées, selon les cas. La Confédération va vraisemblablement imposer des valeurs limites plus restrictives dans les années à venir. Il sera dès lors nécessaire de contrôler le respect des futures bases légales et de prendre des mesures, le cas échéant, en particulier pour garantir une eau potable de qualité.
- Décharges: seules les mesures effectuées sur l’une des décharges présentes dans le canton révèlent des résultats problématiques. Dans ce cas également, des valeurs d’assainissement seront édictées par la Confédération et il s’agira alors de vérifier si la décharge en question doit être assainie.
- Sols: les sols jurassiens présentent des traces régulières de PFAS comme partout ailleurs en Suisse.
- Sites pollués: aucun site inscrit au cadastre des sites pollués ne nécessite actuellement un assainissement en raison de la contamination aux PFAS. Comme dans le cas des décharges, la situation des sites pollués fera toutefois l’objet d’une nouvelle évaluation globale lorsque des valeurs d’assainissement auront été fixées. Dans l’intervalle, les analyses vont être poursuivies dans les sites pollués devant faire l’objet d’un assainissement.
- Denrées alimentaires (œufs et poissons): aucune valeur limite n’a été dépassée pour les œufs, les poissons en pisciculture ou les poissons en rivière.
- Produits de consommation courante, industries, mousse d’extinction, béton: bien des produits contiennent des PFAS dont l’utilisation n’est pas interdite. Concernant les mousses anti-incendie, plus aucun produit à base de PFAS n’est à priori utilisé dans le canton, à la suite de l’adoption de mesures dans ce sens par l’ECA Jura.
Le rapport 2024 sur les PFAS, accessible sur le site internet de l’ENV, marque une étape importante pour la compréhension et la gestion des PFAS dans le canton. ENV et SCAV vont poursuivre les campagnes d’analyses dans certains domaines et renforcer la collaboration intercantonale et avec la Confédération. Cette dernière œuvre activement, avec l’appui des cantons, à l’édiction de nouvelles règlementations en vue de restreindre dans la mesure du possible l’utilisation des PFAS afin de protéger l’environnement et les ressources naturelles contre de nouvelles contaminations aux PFAS. La définition de valeurs limites, lorsqu’elles n’existent pas encore, permettra de définir dans quels cas les niveaux actuels de contamination aux PFAS vont nécessiter des assainissements ou des traitements.
Le Canton du Jura s’associe activement à ces démarches fédérales et souhaite mener une stratégie de prévention. L’information et la sensibilisation des consommateurs, des fabricants et des utilisateurs de produits issus des segments de l’industrie qui recourent aux PFAS, ainsi que des collectivités, feront partie intégrante de l’action de l’Etat. Ce rapport initial sur les PFAS fournit une première contribution dans ce sens.
Cet état des lieux s’inscrit dans une volonté plus large de protéger les ressources naturelles du canton et d’anticiper les évolutions attendues en matière de réglementation applicable aux PFAS. Il constitue un outil précieux pour guider les actions publiques et privées en faveur d’une gestion responsable de ces polluants persistants.
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Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) regroupent plus de 14’000 composés chimiques synthétiques connus pour leur extrême stabilité. Ces propriétés en font des «polluants éternels», résistants à la dégradation naturelle, et responsables d’une accumulation durable dans l’environnement, la chaîne alimentaire et l’organisme humain. Utilisés depuis les années 1950, les PFAS sont omniprésents dans de nombreux secteurs industriels et produits du quotidien (voir schéma ci-dessous): mousses anti-incendie, textiles imperméables, revêtements antiadhésifs, emballages alimentaires et traitements industriels. Leur popularité repose sur leurs propriétés hydrofuges, oléofuges et antisalissures. |