Delémont, le 5 juillet 2012
Les fouilles archéologiques menées par la Section d'archéologie et paléontologie de l'Office de la culture à l'emplacement de la future usine TAG Heuer se sont terminées le 5 juillet. Ces fouilles ont été prolongées de trois semaines par rapport au délai de six semaines initialement prévu. Vu la quantité d'objets et la qualité exceptionnelle des vestiges découverts à cet endroit, liés à une présence humaine s'étendant sur plus de 5000 ans, l'entreprise TAG Heuer et la Section d'archéologie et paléontologie se sont accordées sur ce délai supplémentaire.
En tout, ce ne sont pas moins de 200 aménagements liés à la présence humaine qui ont été documentés, comprenant des foyers, fosses, tombe ou encore vestiges de bâtiments, et plus de 5000 objets, dont des fragments de céramiques, éclats et outils en silex, objets en fer ou en bronze (armes, outils et parure), ainsi que des ossements, qui ont été prélevés. Les relevés sur plan des dizaines de traces de poteau permettront sans doute de reconstituer les contours des bâtiments qui étaient érigés à cet endroit.
Les plus anciennes traces humaines remontent à la période Mésolithique (env. 6000 à 5000 ans av. J.-C.). Durant cet âge de la pierre, nos prédécesseurs ne connaissaient ni la poterie, ni le métal, et assuraient leur subsistance à travers la chasse et la cueillette. Les découvertes qui y sont associées consistent essentiellement en d'innombrables éclats et outils en silex taillé, signalant la présence d'un atelier de taille.
Succédant à cette occupation, quelques vestiges datant du Néolithique (env. 5'500 à 2200 av. J.-C.) ont été sortis de terre, dont une très belle pointe de flèche en silex, de même qu'une petite herminette en pierre.
Les premières poteries, ainsi que les premiers objets en métal mis au jour sur la parcelle fouillée, remontent à l'âge du Bronze final (env. 1200 à 800 av. J.-C). Aux nombreux vestiges issus d'un habitat s'ajoute la découverte, dans les derniers jours de fouille, d'une tombe à incinération. Cette dernière contenait, à côté des restes du défunt, des offrandes funéraires composées de deux poteries finement incisées, d'objets de parure en bronze, dont deux épingles caractéristiques de cette époque, de même que d'un poignard en bronze, le tout étant parfaitement conservé.
Les Gallo-romains (1er au 3e s. ap. J.-C.) semblent avoir été les derniers occupants du site, laissant les traces les plus importantes. Amphores, bois de cerf, haches en fer, objets de parure, foyers, structures de forge et traces de bâtiments en bois témoignent en effet d'une activité très dense durant cette période.
Pour mener à bien ce projet, une dizaine d'archéologues et de techniciens de fouille spécialisés, secondés par deux machinistes, ont été mis à contribution afin de respecter les délais nécessaires à l'avancée des travaux de construction, qui ont de ce fait pu débuter en parallèle, au fur et à mesure que des zones étaient libérées.
A ce propos, il est important de relever, et ce dès le début des découvertes archéologiques, l'esprit d'ouverture et la volonté de collaborer de la part de tous les acteurs concernés par ce projet, que ce soit de la direction de l'entreprise TAG Heuer, des responsables des travaux, ou encore des autorités communales et cantonales.
Un suivi archéologique s'avérera encore nécessaire durant ces prochaines semaines, en lien avec la réalisation du parking et les travaux de viabilisation sur les parcelles voisines.
L'opération s'achèvera avec la rédaction d'un rapport de fouille, qui paraîtra dans le rapport annuel 2012 de l'archéologie cantonale. L'étude détaillée des découvertes sera quant à elle réalisée ultérieurement.