Delémont, le 4 juin 2013
Le Gouvernement a transmis au Parlement son rapport annuel relatif à l'évolution du dossier institutionnel jurassien. Intitulé «Construire ensemble un nouveau canton. La région jurassienne face à son avenir», le document dresse un bilan de la souveraineté cantonale jurassienne acquise en 1979 et décrit l’objet et les enjeux de la consultation populaire du 24 novembre prochain.
En cette année marquée par une consultation populaire historique, le Gouvernement se doit d'adresser au Parlement un rapport dont la présentation et le contenu sont proportionnels à l'enjeu, qui est considérable. Le document prend la forme d'un ouvrage de 48 pages. Le propos a été sensiblement élargi: quel qu'en soit le résultat, le scrutin du 24 novembre est l'occasion de dresser un bilan de la souveraineté cantonale jurassienne acquise il y a 34 ans.
Lors des scrutins d'autodétermination des années 1970, le peuple jurassien, dont l'existence était reconnue par la Constitution bernoise, a choisi de se scinder en deux parties qui ont alors emprunté des voies distinctes, l'une en créant le canton du Jura, l'autre en restant bernoise. Les indicateurs chiffrés montrent aujourd'hui que le canton du Jura a enregistré, depuis lors, une plus forte croissance démographique que les districts ayant choisi de rester bernois. Il a également connu une évolution plus favorable sur le plan économique.
La décision de créer un nouveau canton en 1974 a permis d'accroître la proximité et la qualité des prestations publiques et parapubliques proposées aux habitants, entreprises et associations jurassiennes. Dans bien des domaines, la comparaison laisse apparaître que le canton du Jura fournit des prestations d'un niveau supérieur à celles qui prévalent dans le canton auquel ce territoire appartenait jusqu'en 1978.
La souveraineté cantonale a attribué aux Jurassiens des compétences décisionnelles importantes. Elle a également accru leur visibilité à l'extérieur et multiplié leur capacité d'intervention au niveau fédéral.
Ce bilan démontre que les Jurassiens ont eu raison, en 1974, de ne pas céder à la peur et à la crainte du changement. Les prédictions des opposants à la création du canton du Jura ne se sont nullement réalisées. La décision de fonder un nouvel Etat a été un vecteur de développement et de progrès. Le bilan est d'autant plus satisfaisant que le canton du Jura a dû consentir à un important effort de rattrapage, afin de compenser l'insuffisance d'investissements réalisés dans la région jusqu'en 1978.
Le rapport décrit l'objet et les enjeux de la consultation populaire du 24 novembre. Il évoque les raisons et les avantages – mais aussi les risques et les inconvénients – d'engager un processus tendant à la création d'un nouveau canton à l'échelle de la région jurassienne.
De multiples points de convergence incitent les deux composantes de la région jurassienne à réaliser ensemble un projet de société: les dizaines d'associations et organisations constituées à l'échelle interjurassienne, les comportements politiques observés lors des votations fédérales, la perception que l'on a de cette région à l'extérieur, le savoir-faire dans les microtechniques, les voies de communication, le paysage, les produits du terroir, etc.
Aujourd'hui, la frontière qui traverse cet espace socio-économique homogène empêche de le gérer et de le développer de manière efficiente. La perspective de créer un nouvel Etat à partir d'une feuille blanche laisse entrevoir l'espoir d'un fonctionnement optimisé de la région. S'ils acceptent le processus proposé le 24 novembre, les Jurassiens et les Jurassiens bernois deviendront les architectes de leur avenir.