Le site de la Gruère, ensemble de très grande valeur biologique et paysagère, fait actuellement l’objet de travaux de revitalisation importants. Ceux-ci visent à assurer la conservation et la régénération de la tourbière, classée d’importance nationale et située en réserve naturelle. Comportant encore quelques secteurs intacts, la tourbière est globalement perturbée par l’effet des drainages réalisés à l’époque. Afin de remédier à cette situation, l’Etat vient d’engager une première étape de travaux dans la partie est de la tourbière. Financées par la Confédération et le Canton, les mesures prises favoriseront la faune et la flore particulières de ce milieu naturel. La revitalisation du secteur ouest est actuellement à l’étude.
La tourbière de la Gruère, située à l’est de l’étang, est marquée par un drainage important et ce au moins depuis le 17ème siècle déjà. En effet, la tourbière constituant un important réservoir d’eau, les acteurs de l’époque y ont vu là une formidable ressource énergétique pour l’entraînement des roues du moulin et de la scierie de la Gruère. Le creusage de drains, au cœur-même de la tourbière, permettait d’alimenter l’étang et les roues, même par temps sec. L’assèchement progressif du milieu a eu pour conséquence une nette augmentation du taux de boisement et une érosion de la très riche mosaïque d’espèces floristiques caractéristiques. Les couches superficielles de tourbe, au contact de l’air, se sont également minéralisées, devenant ainsi une source d’émission de carbone.
Afin de répondre aux objectifs de conservation de ce patrimoine unique, l’Office de l’environnement a élaboré, avec l’aide d’un bureau spécialisé, un projet de revitalisation. Les travaux s’articulent en deux phases. Une première étape consiste à construire des petites digues en bois dans la partie amont des drains, à l’est de la tourbière, afin de contenir et redistribuer l’eau dans le système. Deux digues seront construites cette année alors que d’autres ouvrages similaires - le nombre précis doit encore être défini - seront installés en 2015.
La seconde étape, qui est encore à l’étude, consiste à combler la partie aval des drains, en direction de l’étang, là où ils sont les plus larges et les plus profonds. Des matériaux organiques tels que tourbe et sciure seront utilisés à cette fin. Concernant cette deuxième partie, une expertise devant estimer le rapport coûts-bénéfice est en cours. Il s’agit, en effet, d’établir précisément quels sont les drains qui doivent être comblés en lien avec le potentiel de régénération qui en résulte. Cette deuxième étape pourrait démarrer dès 2016 pour une durée qui reste à définir.
Il est à mentionner que ces travaux suivent une première démarche de conservation du site menée il y a quelques années. Elle avait consisté en l’installation de clôtures en périphérie de la tourbière afin d'éviter son piétinement par le bétail et la mise en place de zones-tampon, secteur à exploitation agricole modérée, autour de la tourbière.
Rappelons qu’en 1987, le peuple suisse acceptait l’initiative dite « de Rothenthurm ». La protection des marais et des sites marécageux d’une beauté particulière et présentant un intérêt national était ainsi garantie. Dans le Canton du Jura, 20 objets d’importance nationale ont été inventoriés. Parmi ceux-ci figurent les sites bien connus que sont « la Gruère », « Les Royes », « Plain de Saigne » et "La Chaux-des-Breuleux". Suite à l’élaboration de cet inventaire fédéral, l’Etat jurassien avait pour tâche de procéder à la mise au point d’un plan de gestion de chacun des sites, ce qui est chose faite depuis plusieurs années. Sur la base de ces plans de gestion, des mesures de restauration ont été mises en œuvre dans plusieurs sites depuis 1995. L’objectif est d’assurer la protection, la conservation à long terme et, cas échéant, la revitalisation des sites retenus. Les travaux actuellement menés s’inscrivent pleinement dans cette perspective.