Canton du Jura

Un article scientifique traitant de la stratigraphie détaillée des terrains du Jurassique supérieur ajoulot vient d'être publié dans la Revue de Paléobiologie de Genève. Cette étude réalisée en étroite collaboration entre des chercheurs de JURASSICA, de la Paléontologie A16 et de l’Université de Lyon est une référence pour les travaux géologiques et paléontologiques dans le Jurassique du canton. Une nouvelle espèce d'ammonite (céphalopode fossile aujourd'hui disparu) a par ailleurs été baptisée Progeronia bruntrutense, en référence à la ville de Porrentruy.

 
Les travaux autoroutiers de la Transjurane et les fouilles réalisées par la Paléontologie A16 sur le terrain ont permis de documenter les couches jurassiques en Ajoie. Ces données permettent aujourd’hui de proposer un découpage stratigraphique détaillé et de préciser l’évolution des environnements il y a un peu plus de 150 millions d'années. Le Jura s'apparentait alors à une vaste plate-forme marine peu profonde peuplée de crocodiles, tortues, ammonites, bivalves, gastéropodes, coraux ou encore d’oursins. Le niveau marin varie périodiquement laissant apparaître des landes de terre émergées plus ou moins étendues, comme en témoignent les milliers d’empreintes fossiles laissées par les dinosaures.

L’absence de roches cristallines ou volcaniques dans la région ne permet pas une datation absolue de toutes ces découvertes, méthode basée essentiellement sur la radioactivité naturelle de certains minéraux totalement absents des calcaires et des marnes du Jura. Pour connaître l’âge des traces de dinosaures, des tortues fossiles et autres restes d’organismes mis au jour, les paléontologues ont recours à une méthode indirecte: ils recherchent des fossiles marqueurs de temps tels que les ammonites.

Ces céphalopodes marins, nageurs et carnivores sont apparus il y a environ 380 millions d’années et se sont éteints, comme les dinosaures, durant la crise Crétacé - Tertiaire il y a 65,5 millions d'années. Cette classe de mollusques est encore représentée actuellement par les nautiles, les pieuvres ou les calmars.

Lors des travaux de terrain, plus de 600 ammonites ont été récoltées. Elles ont toutes été identifiées et les résultats sont proposés dans l’article paru en décembre 2015. Ce matériel inédit a été complété par les collections historiques du JURASSICA Museum (Porrentruy) et de la Fondation paléontologique jurassienne (FPJ, Glovelier). Une nouvelle espèce d’ammonite ajoulote, Progeronia bruntrutense, a même été décrite dans cet article. Son nom fait référence à la ville de Porrentruy.

Ces découvertes précisent la datation du Jurassique supérieur et permettent de corréler les successions d’Ajoie avec les niveaux équivalents de France voisine (région de Montbéliard). L’article décrit avec précision les différents types de strates sédimentaires que l’on trouve dans la région (p. ex. Marnes du Banné, Couches du Creugenat, Marnes à virgula inférieures). Ce travail est également une référence pour établir des corrélations précises entre les différentes coupes levées depuis 1999 par la Paléontologie A16 et pour les futurs travaux de JURASSICA.

Référence (article en ligne, téléchargeable gratuitement)

Comment G., Lefort A., Koppka J. & Hantzpergue P. 2015: Le Kimméridgien d’Ajoie (Jura, Suisse): lithostratigraphie et biostratigraphie de la Formation de Reuchenette. Revue de Paléobiologie, Vol. 34 (2), Genève, p.195-233.

Lien PDF: http://www.ville-ge.ch/mhng/paleo/paleo-pdf/34-2/pal_34_2_01.pdf