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L’épidémie de bostryche s’aggrave et menace forêts et pâturages boisés du canton

Date : 02.06.2020 10:00:00

La propagation de cet insecte ravageur s’accélère dans les forêts résineuses et les pâturages boisés du canton du Jura. Propriétaires et forestiers s’appliquent à réduire la propagation de l’insecte depuis deux années. Ces mesures difficiles et coûteuses sont remises en question par la situation économique actuelle. Bien des peuplements de résineux ne pourront être préservés. Une menace qui pèse aussi sur la survie du pâturage boisé franc-montagnard.


Depuis le passage des tempêtes hivernales et la sécheresse estivale de 2018, qui ont affaibli de nombreuses forêts, les populations de bostryche sont en pleine expansion. La sécheresse de 2019, tout comme l’hiver doux et le printemps chaud et sec de cette année, ont encore favorisé la pullulation de cet insecte qui décime les résineux, en particulier l’épicéa. En termes de volume de bois infesté, l’année 2020 risque de dépasser l’année record de 2003, où les attaques de bostryche consécutives à l’ouragan Lothar et à la canicule de l’été avaient nécessité l’exploitation forcée de près de 50'000 m3 de bois.

Depuis 2018, propriétaires et forestiers ont déployé des moyens considérables pour tenter d’endiguer l’épidémie. Les bois infestés doivent être exploités et évacués aussi vite que possible pour éviter la contagion des arbres sains. Ces mesures sont imposées par la législation, aux frais des propriétaires. L’Etat les a toutefois soutenus par des indemnités conséquentes, les moyens alloués ayant été par deux fois rehaussés.

Les perspectives pour l’année en cours s’annoncent pire encore. À la recrudescence de l’insecte constatée ce printemps est venue s’ajouter la pandémie de Covid-19, qui a entraîné l’arrêt quasi-complet des activités dans les scieries. Les stocks dans les chaufferies sont par ailleurs déjà saturés. Cette impossibilité d’évacuer rapidement les bois infestés remet en cause l’efficacité même de la lutte. D’autres solutions techniques, comme par exemple l’écorçage en forêt, s’avèrent illusoires.

L’Office de l’environnement constate ainsi que l’efficacité de la lutte sera impossible à garantir partout. En outre, les propriétaires, notamment les collectivités publiques qui possèdent la majorité des forêts, ne pourront libérer les moyens financiers nécessaires. Le budget cantonal ne permettra de son côté pas de soutenir financièrement toutes les actions des propriétaires qui interviendront malgré tout dans leurs forêts et pâturages boisés.

En conséquence, la démarche prônée par l’Office de l’environnement auprès des propriétaires consiste à clairement prioriser les actions et moyens. La lutte doit au minimum se poursuivre dans les forêts considérées comme prioritaires pour la protection contre les dangers naturels et dans toute la mesure du possible dans les pâturages boisés, emblème identitaire du canton. Il appartient à chaque propriétaire d’évaluer son patrimoine et d’agir de manière ciblée. L’application stricte de l’obligation d’agir rapidement et à grande échelle, fixée dans la législation, n’est ainsi plus réaliste.

Corollaire à cette crise sanitaire et aux moyens limités pouvant être investis, il faut s’attendre à voir disparaître assez rapidement des forêts entières de résineux, comme des plantations d’épicéas en plaine ou sur des versants chauds et secs. Un impact paysager sera indéniable également.

Les autorités cantonales entendent désormais s’investir davantage encore dans la préparation des forêts de demain. Il s’agit de se concentrer sur les jeunes forêts, en soutenant la reconstitution des forêts ravagées par les insectes, en favorisant des mélanges d’essences plus résistantes et des types de forêts mieux adaptés au réchauffement climatique. Pour le pâturage boisé, il s’agit de renforcer les actions de plantations tout en essayant de maintenir le plus longtemps possible les grands arbres résineux. Ayant tiré beaucoup de revenus de la forêt, la société doit aujourd’hui admettre que des investissements importants y sont requis pour l’avenir. Ce changement de paradigme, dans un monde en mutation, s’avère central compte tenu de l’importance d’une forêt diversifiée plus largement pour la qualité de vie.


ForêtJura, l’association des propriétaires forestiers jurassiens, a recommandé à ses membres de retarder, de prioriser, voire de renoncer à l’exploitation des bois infestés. Selon ForêtJura, il est effectivement illusoire de penser pouvoir évacuer rapidement les bois infestés loin de la forêt. Quant à leur possible écorçage, pour éradiquer les insectes logés sous l’écorce, il se heurte à des limites d’ordre technique et financier. En effet, l’écorçage n’a plus court depuis longtemps en forêt, les équipements font défaut et la mesure est très coûteuse et ne ferait qu’aggraver le déficit des opérations de lutte.

Le son de cloche est le même du côté d’un propriétaire de forêts et pâturages boisés, la commune des Genevez. Les autorités communales et leur garde forestier s’attendent à nouveau cette année à de gros volumes de bois infestés. Par conséquent, aucune coupe de bois sain n’est prévue. Malgré cela, il sera impossible d’intervenir à temps partout. Les forêts communales compteront donc toujours plus d’arbres secs laissés sur pied, entraînant un danger accru pour le public et nécessitant peut-être la fermeture temporaire de certains itinéraires de loisirs. Avec les difficultés actuelles sur le marché des bois, la commune s’attend également à devoir faire face à un déficit du compte forestier communal.


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