Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et les mesures pour les atteindre d’ici à 2050 sont formalisés dans un Plan cantonal pour le climat. Le Gouvernement y définit sa stratégie, en complément aux différentes politiques sectorielles déjà en place visant à réduire les émissions et à adapter le territoire cantonal au dérèglement climatique. Le projet de Plan climat a été établi suite aux démarches participatives menées avec la population, les communes, les partis politiques et d’autres acteurs concernés. Il est, dès ce jour, mis en consultation, et jusqu’au 28 février 2023.
Le Canton du Jura s’engage depuis des années pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, par exemples dans les domaines de la mobilité, de l’énergie ou de l’agriculture. Il investit également massivement dans l’adaptation au dérèglement climatique, notamment dans les domaines des dangers naturels, des forêts ou encore des revitalisations des milieux naturels. Le Plan climat pour le Jura met l’accent sur des mesures nouvelles et formalise globalement la stratégie climatique cantonale, en complément aux politiques et outils cantonaux existants.
La rédaction du projet de Plan climat est basée sur un processus participatif. De nombreux services, acteurs et partenaires spécialisés ont été consultés en amont. La population a proposé en été 2021 près de 200 mesures dans le cadre d’une « boîte à idées ». Trois ateliers avec les communes ont aussi été organisés et une table ronde a permis de traiter des propositions des partis politiques cantonaux.
Le projet de Plan climat fixe un objectif stratégique à l’horizon 2050 en termes d’émissions de gaz à effet de serre (cf. encadré 2), ainsi que des objectifs spécifiques dans 7 domaines d’actions. Dans les domaines d’action «Energie», «Mobilité», «Agriculture» et «Economie circulaire», les mesures visent des réductions des gaz à effet de serre. Le domaine «Cadre de vie» doit permettre de développer les mesures d’adaptation au dérèglement climatique. Enfin, les domaines d’actions «Accompagnement au changement» et «Gouvernance» proposent des mesures transversales et sociétales essentielles pour atteindre les objectifs. Pas moins de 156 mesures sont définies dans le Plan climat.
Le Canton ne pourra évidemment pas mener de front toutes les mesures proposées. Le Gouvernement propose dès lors une première priorisation des projets, avec un choix de 43 mesures réalisables à court terme durant la période 2023-2026. Leur mise en œuvre dépendra des ressources financières et humaines qui pourront être allouées dans le budget cantonal. Le montant pour financer les mesures 2023-26 est estimé à 18 millions de francs, soit environ 5 millions de francs par an. Des solutions de co-financements et la recherche de fonds font aussi partie des démarches en cours.
Dans ce contexte, la procédure de consultation initiée permettra au Gouvernement d’obtenir l’avis des partenaires quant à leurs priorités, sensibilités et volontés.
Le Plan climat représente un instrument stratégique des autorités cantonales. Les mesures sont liées au fonctionnement même de l’Etat et aux actions cantonales envers les acteurs du territoire. Il s’adresse ainsi à toutes les institutions et à l’ensemble de la population. Si le rôle de l’Etat n’est pas négligeable, son action ne doit pas être surévaluée. Il appartient également aux communes, entreprises, associations et à la population dans son ensemble de revoir fondamentalement leurs pratiques et habitudes.
Le Gouvernement a initié différentes mesures de manière anticipée. Elles concernent, par exemple, l’Administration cantonale (plan de mobilité, projet de panneaux solaires sur les bâtiments cantonaux, bilan carbone de l’Administration, stratégie pour le parc véhicule), les communes (guide climat à l’attention des communes), la gestion des biens et matières (programme de développement de l’économie circulaire, plan d’action contre le gaspillage alimentaire) ou encore la recherche de financements.
Le projet de Plan climat, les informations et les documents y relatifs sont disponibles à l’adresse www.jura.ch/planclimat. Un formulaire de consultation en ligne permet de prendre position sur le Plan climat et ses mesures. Le délai de consultation court jusqu’au 28 février 2023. Le Gouvernement entend ensuite formellement approuver le Plan climat au printemps prochain.
Bilan carbone
Lors du processus participatif, la réalisation d’un bilan carbone a été demandée. Une première évaluation de ce bilan carbone a été effectuée. Elle montre que chaque Jurassienne et chaque Jurassien émet actuellement plus de 17 tonnes de CO2-éq./an. Les deux tiers de ces émissions sont des émissions dites « indirectes », soit des émissions liées aux importations de biens et d’électricité (9.6 t.). Un tiers est lié aux consommations dites « directes » (7.6 t.), qui dépendent de l’utilisation de produits fossiles pour la mobilité professionnelle et de loisirs, ainsi que pour le chauffage.
Cette première estimation permet de prendre en compte l’impact positif des écosystèmes. Grâce aux forêts, aux sols, aux marais et à l’utilisation de bois dans la construction, environ une tonne de CO2-éq./an/hab. peut être retranchée du bilan carbone de chaque habitante et habitant. Ces chiffres pourront être affinés ces prochaines années et tenir compte, notamment, de l’évolution des connaissances concernant le stockage du carbone dans les sols agricoles et les sols humides.
Objectifs pour 2050
Il s’agit d’ici à 2050 de diviser par 4 les émissions directes et indirectes et de décarboner l’électricité afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17.2 à 3.8 tonnes de CO2-éq./hab./an. Vu la configuration du territoire et la production agricole, il est difficile à l’heure actuelle d’envisager des réductions encore plus grandes des émissions par personne. Ces 3.8 tonnes de CO2-éq./hab./an devraient par contre être contrebalancées par le stockage dans les écosystèmes et l’utilisation du bois dans la construction. Ces captages «naturels» de carbone représentent un potentiel de réduction de 2 tonnes de CO2-éq./hab./an. La nature sait stocker du carbone depuis des millions d’années, c’est une chance pour un canton comme le Jura qui possède un territoire principalement forestier et agricole. Un stockage technique est aussi potentiellement possible, mais jugé faible à l’heure actuelle (0.1 tonne de CO2-éq./hab./an). Au final, si les objectifs stratégiques sont atteints en 2050, chaque personne n’émettrait plus que 1.6 tonnes de CO2-éq./an, ce qui correspond aux objectifs de la politique climatique suisse et à la mise en œuvre des Accords de Paris.