Le budget 2024 de la République et Canton du Jura, dévoilé jeudi 5 octobre, respecte le mécanisme du frein à l’endettement. L’excédent de charges se monte à 3,3 millions et les investissements nets sont augmentés à 34 millions. Les efforts importants menés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan équilibre et la progression des recettes fiscales permettent conjointement de faire face aux enjeux anticipés pour l’année prochaine, notamment en matière de santé, d’inflation et de baisse de recettes (BNS et taxe des véhicules).
Le Plan équilibre 22-26 permet, avec des économies de l’ordre de 33 millions déployées par 65 mesures, de réunir le financement nécessaire pour faire face aux enjeux majeurs qui avaient été anticipés (pour l’exercice 2024). Sans ce programme d’économie, le déficit afficherait une valeur de l’ordre de 36 millions. À ce niveau, l’Etat aurait été dans la situation financière délicate de devoir emprunter pour financer ses dépenses courantes.
Les besoins supplémentaires se chiffrent à 30 millions et représentent une augmentation des charges de 3,0% par rapport au budget précédent pour atteindre plus de 1 milliard de francs.
La principale progression, soit 16 millions, s’explique par les domaines de la santé et des assurances sociales. Dans un contexte qui met la population sous pression, les participations financières de l’Etat aux charges de la santé ont été augmentées de 13 millions (hospitalisations extérieures, H-JU, financement des soins) et celles des assurances sociales de 3 millions (prestations complémentaires et réduction des primes d’assurance-maladie).
La masse salariale progresse pour sa part de 5 millions soit 1,7%. Cette croissance s’explique par le coût de l’annuité, l’indexation des salaires à hauteur de 2,13% ainsi que les ressources à renforcer pour répondre notamment à la crise migratoire et aux grands projets en cours, en particulier l’accueil de Moutier. Néanmoins, le Gouvernement rappelle que l’augmentation des charges sur le personnel est contenue par l’application du paquet de mesures RH du Plan équilibre 22-26. Les économies se déclineront l’année prochaine, entre autres, par la contribution de 1,9% sur les salaires et la révision du système de gratification.
Les revenus, donc le financement supplémentaire à disposition de l’Etat, progressent de 33 millions soit 3,2% par rapport à 2023. La participation aux excédents de la BNS figure au budget 2024 pour deux parts, comme c’est le cas dans le budget de la Confédération, et qui représente 11 millions de francs. Pour rappel, le budget 2023 prévoyait le paiement de quatre parts, soit un montant de 22 millions. Le prélèvement dans la réserve pour politique budgétaire s’élève lui à 4 millions pour 2024, soit 22 millions de moins qu’en 2023. Ces éléments financièrement défavorables ont été plus que compensés par la progression des recettes fiscales pour 38 millions. Cette augmentation est soutenue tant par le Plan équilibre (notamment par le report de la baisse fiscale pour les entreprises) que par une conjoncture projetée encore comme favorable. De plus, les revenus en lien avec les subventions progressent de 22 millions. Cette croissance est avant tout portée par la participation aux revenus de la Confédération (9 millions) et par l’augmentation des recettes en provenance de la péréquation financière fédérale (7 millions).
La baisse de la taxe des véhicules a également été anticipée pour une entrée en vigueur au 1er juillet 2024.
Investissements en hausse
Le volume 2024 des investissements nets progresse de 31 à 34 millions par rapport au budget précédent. Le plan financier des investissements a été mis à jour avec des objectifs fixés à 38 millions en 2025 et 40 millions en 2026. Grâce aux efforts menés dans le compte de fonctionnement, l’objectif est d’augmenter la capacité d’investissement du Canton dans l’optique de poursuivre les projets prioritaires du programme de législature et notamment l’accueil de Moutier.
Au final, le budget soumis au Parlement présente un degré d’autofinancement proche de 82%, grâce notamment à l’évolution très favorable des recettes fiscales, mais également au prix d’efforts importants entrepris par les principaux acteurs publics. Il satisfait au mécanisme constitutionnel du frein à l’endettement et permet, après une période particulièrement sensible, d’envisager le prochain exercice avec un dynamisme retrouvé.
Le niveau projeté de la dette à 394 millions fait suite à l’augmentation attendue de l’ordre de 30 millions suite à l’exercice 2023. Cela explique les charges d’intérêts supplémentaires de 0,7 million qui retrouveraient ainsi le niveau des comptes 2022.
Le budget 2024 présente un léger déficit malgré une conjoncture et des revenus exceptionnels liés aux personnes morales. Indépendamment de l’évolution de l’activité économique, il s’agit donc de poursuivre les efforts pour permettre de dégager les ressources nécessaires pour réaliser des projets ambitieux et pour continuer à soutenir la population touchée notamment par l’inflation.