Canton du Jura

La fouille a permis de mettre au jour près de 300 aménagements et plus de 10'000 pièces de mobilier et de restes osseux, principalement distribués dans un niveau archéologique bien marqué, épais d'une trentaine de centimètres. Ce niveau est en bonne partie scellé par des colluvions assez caillouteuses, qui ont assuré un important rôle de protection des vestiges sous-jacents. L'étude des structures et l'inventaire du matériel sont en cours; actuellement, cinq périodes sont attestées avec certitude.

La plus récente est l'Époque romaine, observée dans la moitié supérieure du niveau archéologique et marquée surtout par un abondant mobilier céramique et des restes osseux de faune (bœuf, cheval, porc, cerf, chien), ainsi que par plusieurs structures de combustion dont des foyers de forge. De nombreux trous de poteau et fosses semblent rattachables à cette époque. Signalons également le squelette d'un nouveau-né dont l'insertion stratigraphique paraît romaine. Une partie du mobilier au moins est attribuable à une phase ancienne, soit de la première moitié du 1^er s. ap. J.-C.

L'Époque de La Tène, observée également dans la partie supérieure du niveau archéologique, est représentée essentiellement par de la céramique et des restes de faune. La découverte majeure est un superbe dépôt de pots et de jattes empilées dans une fosse, l'embouchure tournée vers le bas. Cette fosse à livré douze récipients dont neuf sont complets. Plusieurs trous de poteaux et quelques foyers sont probablement aussi attribuables au dernier Age du Fer, ce que les différentes études tenteront de déterminer. Le mobilier n'ayant pas encore été étudié, il n'est actuellement pas possible de déterminer s'il y a eu continuation ou interruption entre les occupations laténiennes et gallo-romaines.

La base du niveau a livré des vestiges du Bronze récent, attribuables au Bronze D. Plusieurs tessons de céramique isolés, parfois à décors excisés et une épingle sont rattachables à cette période. En outre, plusieurs petites fosses contenant des récipients fragmentés sont probablement attribuables à cette phase.

Mais la principale structure est une tombe à incinération. Cet aménagement était bien délimité par un couronnement de pierres calcaires. De forme rectangulaire, ses dimensions suggéraient initialement une inhumation, mais les seuls restes osseux recueillis dans la structure résultent d'une incinération. La tombe a en outre livré un mobilier funéraire constitué d'un pot et d'un bol en céramique, de deux épingles et d'une lame de poignard en bronze.

A la base du niveau archéologique, une présence néolithique est représentée par quelques silex, dont principalement une pointe de flèche à pédoncules et par une hache et une herminette polies en pélite quartz. Le Mésolithique est représenté par plus de 400 silex dont quelques lamelles Montbani, trouvés pour une part en position secondaire dans le niveau archéologique, mais également dans un niveau inférieur constitué de colluvions loessiques. Un foyer est peut-être rattachable à cette période du Mésolithique mais cela reste à confirmer par une datation des charbons. Un dépôt de 11 nucléi et rognons testés est attribuable soit au Mésolithique, soit au Néolithique.

La Tène finale est la période la plus riche en vestiges. Plusieurs dizaines de trous de poteau ont été mis au jour, dont certains de grandes dimensions (plus d'un mètre de diamètre). Ils permettent de supposer la présence de 2 à 5 bâtiments (surface de 20 à 25 m²) dans la moitié nord du site. Deux de ces ensembles sont associés à des empierrements de calcaire caractérisés par un riche mobilier céramique; quelques foyers ont également été documentés. Signalons aussi un fossé mis au jour dans une phase tardive de cet horizon. Enfin, un chemin d'orientation nord-ouest - sud-est d'une largeur de 2,30 m a été observé en tranchée, servant probablement de voie d'accès au site.
2 fosses quadrangulaires à fond plat semblent aussi appartenir à cet horizon; une autre, circulaire, mesurant 2,10 m de diamètre et profonde de 80 cm, a révélé à sa base un foyer à vocation vraisemblablement artisanale et accessible par un creusement latéral. Il contient de nombreux éléments de torchis brûlé.

Au 1^er siècle ap. J.-C., suite à une série d'épisodes climatiques défavorables qui pourraient correspondre à une interruption de l'occupation du site, un fossé irrégulier, très évasé et suivi sur plus de 31 m a pu servir de captage des eaux de surface. Un riche mobilier constitue son comblement. Plusieurs empierrements caractérisent la dernière occupation de cette zone, dont une route secondaire inconnue jusqu'alors et observée sur plus de 35 m dans un axe nord-ouest - sud-est. Son aménagement est sommaire et consiste en l'étalement de quantité de graviers de calcaire. Sa largeur initiale, mesurant 5 à 6 m, a atteint jusqu'à 11 m lors de son dégagement, ceci en raison d'une forte érosion ayant nécessité plusieurs recharges et réfections. Elle ne semble pas avoir été utilisée au-delà du 1^er siècle ap. J.-C.

D’entente avec le maître d’œuvre, deux sondages ont été réalisés avant le début des fouilles. Le diagnostic s’est révélé négatif dans les deux cas. Lors du suivi, nous avons constaté en premier lieu un banc de marne gris-bleu sans inclusion, suivi d’un épais niveau argilo-limoneux de couleur brun chocolat d’environ 1m50 de hauteur contenant de très rares inclusions minérales et séparé dans son quart inférieur par un fin dépôt de 5 cm d’épaisseur contenant des gravillons. Cette interface est la première nous ayant livré du mobilier archéologique, en l’occurrence quelques rares tessons de céramique, une lame de couteau et plusieurs scories. A la suite de ces gravillons, le niveau argilo-limoneux réapparaît sur environ 10 cm avant l’apparition, dans le niveau argilo-limoneux brun, d’une fosse de forme rectangulaire à bord arrondis. L’altitude d’apparition est de 469.20 m. Après vidange totale, le fond subit un léger pendage vers l’est (l’altitude de fond se situe à l’est à 468.80 m, à l’ouest à 468.90 m). La structure repose directement sur un niveau d’alluvions non anthropique composé presque exclusivement de galets de diamètre très variés, le tout tenu dans une matrice argileuse orangée contenant de nombreuses traces d’oxydation.

La fosse mesure 250 cm de longueur pour 195 cm de largeur et 40 cm de profondeur. Trois trous de poteaux ont été relevés côté est, deux côté ouest. La présence de plusieurs pierres de calage d’un diamètre oscillant entre 5 et 15 cm a également été relevée. Le remplissage de la structure est constitué d’un sédiment argilo-limoneux brun clair grisé contenant une grande quantité de charbons de bois (plusieurs dizaines par 10 cm2). Le mobilier retrouvé permet de penser que le comblement de cette fosse a eu lieu durant le Haut Moyen Âge (période mérovingienne). En premier lieu, nous avons récolté une tuile vraisemblablement romaine (tegula) au niveau de la surface d’apparition. Puis, lors de la fouille, de la céramique importée mérovingienne a été mise au jour, accompagnés notamment de plusieurs os longs, omoplates et maxillaires d’animaux (bovins, caprinés, porcidés), de petites esquilles d’os calcinés, et de 3 lames de couteaux en fer.

L’absence de traces de combustion au fond de la fosse, et sur la totalité du mobilier (hormis les quelques esquilles d’os calcinés) est à souligner et démontre que les charbons et cendres étaient refroidis lors du dépôt. La présence de scories à proximité (mais pas dans le comblement), permet d’émettre la possibilité que le comblement provient d’un curage de foyer ou de fourneau, à une période ou la fosse n’était plus usitée. Il faut encore signaler que cette cabane en fosse, que nous datons de la période mérovingienne, est la première structure de cette époque retrouvée sur ce site. Sa découverte démontre qu’une occupation débutée il y a plusieurs milliers d’années, certes entrecoupée de phases d’abandon, a perduré jusqu’au Haut Moyen Âge.