L’église paroissiale de Courchapoix, dédiée à saint Imier, est située sur le flanc sud du Val Terbi. Orientée de manière traditionnelle d’est en ouest, l’est marquant l’emplacement du chœur, elle a fait l’objet de travaux de rénovation intérieure en 1988. Ces derniers ont révélé l’existence de nombreuses structures anciennes se rapportant aux différentes phases d’agrandissement du sanctuaire, et ont permis la découverte de sépultures.
L'église Saint-Imier actuelle à Courchapoix. Vue en direction du Nord-Ouest.
Il ne subsiste de l’édifice le plus ancien que trois murs qui déterminent le plan d’une simple chapelle à salle unique remontant à l’époque romane. Lors d’un premier agrandissement survenu à une période indéterminée, on constate l’adjonction d’un chœur rétréci de plan carré. La nef occupe alors toute la surface de l’ancienne chapelle.
Une troisième phase voit le déplacement du mur septentrional d’un mètre vers le nord, modification probablement due à son mauvais état de conservation. On en profite pour construire une petite pièce attenante au chœur, peut-être une sacristie. Le compte rendu d’une visite pastorale effectuée en 1665, qui décrit une église lézardée de toute part, permet de situer très approximativement cet édifice au gothique tardif.
Une quatrième phase mène à un agrandissement important de l’église sous forme d’une extension du chœur en direction de l’est, la nef conservant son volume initial. Les dimensions exactes du bâtiment sont connues grâce à un plan cadastral établi en 1850. Précédé d’un porche ou d’un clocher, le mur occidental se superpose à celui de l’église actuelle, ce qui laisse supposer qu’il a toujours été situé à cet endroit. Les décrochements symétriques succédant à la nef sont occupés par des autels latéraux. Quant au chœur, il s’étendait à l’est jusqu’à l’arc triomphal actuel. Une petite sacristie est aussi bâtie dans l’axe longitudinal du bâtiment. Celui-ci appartient à l’époque baroque, comme en témoignent des textes de 1703. En 1781, cet édifice verra l’accession du vicariat de Courchapoix, dépendant de Vicques, au statut de paroisse. L’église actuelle date de 1864.
Les différentes phases de transformation de l'église.
Parmi les 39 sépultures fouillées, certaines ayant fait l’objet d’une réutilisation, ce ne sont pas moins de 42 individus qui ont été mis au jour. De manière générale, tous sont allongés sur le dos, les mains sur le bassin ou ramenées sur la poitrine. Les inhumations se pratiquent en pleine terre, des témoignages de cercueils ne se rencontrant que rarement. Cependant, la position resserrée de certains corps pourrait évoquer la présence d’un linceul. Orientées à l’est, à quatre exceptions près, les tombes ne renferment aucun mobilier funéraire permettant une datation absolue. Une chronologie relative a été établie en se basant sur des recoupements avec des structures préexistantes et sur des critères tels que l’orientation et la profondeur de la fosse d’ensevelissement.
Ainsi, un cimetière primitif, antérieur à la construction la plus ancienne du site, a été découvert dans la partie ouest de la fouille. Les murs de la première chapelle recoupent 6 des 9 tombes de cette époque. Les datations C14 tournent autour de l’an mil : elles sont donc antérieures à l’époque romane. La coutume d’installer les nécropoles en pleine campagne ayant disparu au début du 8e s., il doit s’agir ici d’inhumations groupées autour d’une église. Il existerait ainsi à Courchapoix une chapelle dont il ne reste pas de trace, mais que la tradition villageoise encore vivante situe à l’ouest de l’église actuelle. Une seconde série peut être mise en relation avec les édifices antérieurs à l’époque baroque. Ces 17 tombes se signalent par leur alignement, à l’extérieur du bâtiment, le long du chœur de la première église. Les 7 sépultures de l’époque baroque représentent les seuls cas d’inhumation à l’intérieur de l’église. La tombe d’un ecclésiastique, découverte dans le chœur, contenait un cercueil de bois imposant, un chapelet, un fragment de calice en bois et des traces de soutane. Son orientation lui permet de faire face aux fidèles. Un groupe de 6 sépultures enfin, dont 5 d’enfants, ne peuvent être attribuées à une phase précise. Elles bordent le mur gouttereau méridional et ont été passablement perturbées par les aménagements de l’église moderne, qui a arasé les structures anciennes jusqu’à un niveau très bas.
De nombreuses incertitudes subsistent à propos de l’église de Courchapoix. La raison est à chercher d’une part dans l’exiguïté de la fouille, puisque les observations archéologiques ne portent que sur le tiers de l’assise de l’église de 1850; d’autre part, les remaniements successifs ont presque entièrement gommé les structures anciennes.
Fiche technique du site
Commune / Localité | Courchapoix / Courchapoix |
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Site | Église Saint-Imier |
Datation et type de site - principal - secondaire |
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Année de découverte | 1988 |
Contexte de découverte | Travaux de rénovation suivis par l'archéologie cantonale |
Date(s) de la fouille | 1988 |
Surface de la fouille | Inconnue |
État de la fouille | Achevée |
Étude | Achevée |
Publication(s) | Auberson Laurent et Sarott Jachen, Fouilles archéologiques de Courchapoix (JU). 1ère partie. Les investigations archéologiques dans l’église Saint-Imier, ASJE 96, 1993, pp. 149-181 Simon Françoise et Simon Christian, Fouilles archéologiques de Courchapoix (JU). 2ème partie. Étude anthropologique des squelettes de l’église Saint-Imier, ASJE 96, 1993, pp. 183-198 |
Responsables de la fouille | AAM, Moudon / J. Sarott OCC-SAP, Porrentruy |
Dépôt des collections | OCC-SAP, Porrentruy |