Reconstitution de Pierre-Yves Videlier, pour le projet pédagogique « Fouilleurs d’histoires », d’un laraire d’Epoque romaine, tel qu’il devait se présenter dans la villa de Courroux. Le dieu Mars représenté sur l’illustration a été retrouvé à Delémont vers 1910. Reconstitution de Pierre-Yves Videlier, pour le projet pédagogique « Fouilleurs d’histoires », d’un laraire d’Epoque romaine, tel qu’il devait se présenter dans la villa de Courroux. Le dieu Mars représenté sur l’illustration a été retrouvé à Delémont vers 1910. Tous droits réservés P.-Y. Videlier

Situés en périmètre de protection lié à la villa romaine de Courroux, ces travaux ont demandé un suivi archéologique. Une dizaine de structures romaines sont apparues.

Une fondation de mur marque l’angle N-O d’une construction très arasée où ne subsiste localement qu’un niveau de pierres d’assise de réglage. Observé dans le sens S-N sur une petite douzaine de mètres, et sur moins de trois mètres dans le sens O-E, ces vestiges de bâtiment se poursuivent hors de la fouille. Ce mur large de 85cm est le plus massif jamais retrouvé jusqu’ici dans le périmètre archéologique. Cela suggère qu’il s’agissait d’un bâtiment de la pars urbana de la villa. À 4m50 plus à l’ouest, une autre fondation d’un mur parallèle a été observée également sur une douzaine de mètres. Ce mur moins important est large de 65cm. Nous ignorons si cette structure appartenait à une bâtisse plus légère ou constituait plutôt un mur de limite. Trois trous de poteau ne dessinant pas d’agencement spatial sont également apparus. Deux fosses de moindre importance ont également été fouillées. Des petites surfaces de niveau de circulation partiellement conservé, juste à l’ouest du mur principal ainsi qu’à l’extrémité sud de la fouille, ont été documentées.

Dieu Mars découvert dans les années 1950 à l’emplacement de l’actuel Restaurant du Raisin, à Courroux. Epoque romaine. Photo Bernard Migy, OCC-SAP Dieu Mars découvert dans les années 1950 à l’emplacement de l’actuel Restaurant du Raisin, à Courroux. Epoque romaine. Photo Bernard Migy, OCC-SAP

Tout au nord des travaux, une surprise nous attendait sous le radier d’un sous-sol creusé en 1952. On ne pensait pas qu’une structure puisse apparaître à plus de deux mètres de profondeur, pourtant une cave avait existé ici à l’Epoque romaine déjà. Son fond n’avait pas été atteint lors du terrassement moderne. Ce cellier antique s’est signalé par une grande tache sombre quadrangulaire de 300 x 250cm, très bien marquée dans le substrat naturel de graviers. Des os de faune, ainsi que des morceaux de tuile romaine, étaient visibles dans le remplissage. Lors des travaux de 1952, les terrassiers avaient retrouvé à environ un mètre de profondeur une statuette en bronze presque entière du dieu Mars, qui figure parmi les objets emblématiques de l’Epoque romaine jurassienne. Cette statuette de 14cm provenait de toute évidence du comblement supérieur de cette cave.

Cruche à décor « à ocelles », après restauration. Epoque romaine. Photo Bernard Migy, Cruche à décor « à ocelles », après restauration. Epoque romaine. Photo Bernard Migy, OCC-SAP

Le remplissage hétérogène et stratifié de la structure a livré des morceaux de tuiles tegula et imbrex, ainsi que des tessons de divers types de céramique, dont notamment une magnifique cruche presque complète décorée d’ocelles. Une monnaie et une coulée en bronze, ainsi que quelques clous en fer, proviennent aussi de ce remplissage. En outre, de très nombreux os de faune ont également été prélevés. Ces restes avaient été volontairement cassés pour une raison qui n’est pas déterminée. La fouille a permis d’atteindre la base de la cave à 70cm de profondeur. Au pied des parois, sont apparues des empreintes assez rectilignes plus sombres, laissées par des sablières basses. Chaque angle de la cave a livré une cuvette circulaire correspondant à un trou de poteau. Des fibres de bois encore conservées ont été localement observées, surtout en placage sur le fond du cellier, attestant d’un plancher. Dans la paroi orientale, neuf trous vides de sédiments, ou comblés de limons très peu compactés, constituent des négatifs de piquets appointis. Les autres parois, probablement moins bien conservées, n’avaient rien montré de tel, mise à part une empreinte de piquet dans la paroi occidentale. Ces petits pieux venaient s’enchâsser dans, ou derrière les sablières basses, le tout constituant l’ossature d’un cuvelage de la cave. En se basant sur l’altitude du niveau de circulation romain documenté plus au sud, nous estimons que ce cellier mesurait à l’origine environ 2m20 de profondeur.

Commune / Localité Courroux
Site / Abréviation Courroux, Le Raisin / CRX-RA
Localisation 2'595'285/1'245'675. Altitude 420 m

Datation et type de site

principal

secondaire

 

Epoque romaine, habitat (pars urbana de la villa), cave

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Année de découverte 2018
Contexte de découverte Site présumé situé en périmètre archéologique. Fouille d’urgence (excavation dans un bâtiment)
Dates de la fouille 9 septembre au 8 octobre 2018 (en discontinu)
Surface de la fouille env. 150m2
Etat de la fouille Terminé
Etat de l’étude Rapport d’intervention
Références bibliographiques

J.-D. Demarez. Répertoire archéologique du canton du Jura ; du Ier siècle avant J.-C. au VIIe siècle après J.-C. CAJ 12. Porrentruy 2001 ;

S. Martin-Kilcher. Das römische Gräberfeld von Courroux im Berner Jura. Basler Beiträge zur Ur- und Frühgeschichte 2. Basel/Derendingen 1976.

AAS 102, 2019, 184-185, fig. 23

C. Robert-Charrue Linder. Rapport d’activité 2018 de l’Office de la culture RCJU, p. 50-53

Rapport 2018 de l’archéologie cantonale (à paraître)

Responsables de la fouille Pierre-Alain Borgeaud
Mobilier archéologique céramique, tuile, verre, monnaies, fer, bronze, lithiques
Faune boeuf
Prélèvements bois, charbon de bois, mortier
Datation archéologique, 1er-2e siècle ap. J.-C.
Dépôt des collections OCC-SAP, Porrentruy
Exposition Restaurant du Raisin, Courroux (visite sur demande)