Vue de la fouille extensive sur une parcelle au centre de la commune de Courroux.
Les sondages diagnostics menés par la Section d'archéologie et paléontologie en 2011 ont permis la découverte d'une nécropole ainsi que de nombreuses structures excavées. Une intervention programmée entre juin et décembre 2012 a rendu possible la fouille extensive de cette parcelle au centre de la commune de Courroux.
Cette zone du village, déjà inscrite en périmètre archéologique protégé, avait révélé la présence d'une villa gallo-romaine connue principalement à travers quelques découvertes isolées (mur de clôture, hypocauste, construction à colombage, mobilier archéologique). Une nécropole contemporaine à cette occupation a été fouillée en 1953 au lieu dit Courroux, Derrière la Forge, à environ 200 m au sud-est de la parcelle.
Tombe d'adulte (7e s. ap. J.-C.), avec objets accompagnant le défunt.
Proche de l'actuelle église, la zone investiguée a permis la mise au jour de 299 structures. Deux occupations se distinguent clairement. La première est déterminée par les vestiges d'Epoque romaine (datation archéologique : 1er au 4e s. ap. J.-C.). La mise au jour de quatre structures excavées appartenant à la pars rustica de la villa complète nos connaissances de l'établissement gallo-romain. Il s'agit de deux puits (construction circulaire en pierres sèches, diamètre 1.30m et diamètre d'ouverture 0.80m, profondeur conservée 3.5m) ainsi que deux caves (structures excavées quadrangulaires de 2m x 2.5m en pierres sèches, profondeur conservée 1.60m). Deux bâtiments quadrangulaires sur poteaux (dimensions env. 18m x 10m, orientation est-ouest) ont également pu être documentés, néanmoins leur insertion chronologique doit encore être précisée.
La seconde occupation est située dans la partie nord-ouest de la parcelle. Il s'agit d'une nécropole datée du Haut Moyen Age (datation archéologique 610-670 ap. J.-C.). La limite occidentale du cimetière se trouvant hors limite de fouille, elle demeure inconnue. Il est incontestable que plusieurs sépultures ont été détruites lors de la construction de l'immeuble locatif situé à l'ouest de la zone fouillée. 54 tombes à inhumation ont été documentées (25 hommes, 12 femmes, 16 enfants et 1 indéterminé). Douze d'entre elles ont livré du mobilier funéraire. Il s'agit majoritairement de plaques-boucles en bronze, collier de perles de verres et d'ambre, pointe de flèche en fer, silex, lame en fer). Les squelettes présentent un bon état de préservation.
Plaque-boucle finement damasquinée (7e s. ap. J.-C.), découverte dans une tombe.
La découverte de trois blocs calcaires, de deux dalles sciées (stèles ?) en grès molassique et de trous de poteau à proximité directe de certaines sépultures permettent de poser l'hypothèse de leur marquage au sol. Les tombes, orientées est-ouest, présentent toutes un agencement similaire: une fosse avec un coffrage de pierres (dans la majorité des cas, le coffrage est partiel, rarement intégral), parfois complété par des éléments architecturaux en terre cuite (tegulae, imbrices, pilettes, fragments d'amphores et de meule). Tous ces matériaux sont des éléments récupérés de l'établissement d'Epoque romaine. Trois tombes ont révélé des dalles de molasse à l'apparition attestant vraisemblablement d'un système de couverture de la structure. Les vestiges de planches permettant de maintenir l'aménagement de pierres ont pu être mis en évidence dans un quart des sépultures.
Tombes d'enfants du Haut Moyen Age (7e s. ap. J.-C.) implantées dans deux caves en pierres sèches d'Epoque romaine.
Au centre de l'emprise connue de la nécropole, une zone regroupe plus d'un tiers des sépultures d'enfants (6 individus, nouveau-né à 5 ans). Ces inhumations ont été implantées dans deux caves en pierres sèches d'Epoque romaine (dimensions 2m x 2.5m), témoignant d'une réoccupation de ces structures dès le début du 7e s. ap. J.-C. Ces constructions ont été partiellement vidées de leur comblement puis rehaussées et compartimentées afin de constituer un caveau funéraire collectif.
Four à chaux (17-19e s. ap. J.-C.), en cours de fouille, d'un diamètre de 4.40 m, éventuellement liée à une phase de construction de l'église.
Enfin, la mise au jour d'un four à chaux circulaire d'un diamètre de 4.40m atteste d'une occupation tardive de la parcelle, éventuellement liée à une phase de construction de l'église (datation typologique). Dans la partie méridionale de la parcelle investiguée, les vestiges d'une ferme ont considérablement perturbé les niveaux archéologiques (construction durant la première moitié du 19e s. et destruction durant le dernier quart du 20e s.).
Fiche technique du site
Commune / Localité | Courroux / Courroux |
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Site | Place des Mouleurs |
Datation et type de site - principal - secondaire |
Époque romaine, habitat |
Année de découverte | 2011 |
Contexte de découverte | Fouille de sauvetage programmée par l'archéologie cantonale |
Date(s) de la fouille | 2012 |
Surface de la fouille | 1400 m2 |
État de la fouille | Achevée |
Étude | Partiellement étudiée |
Publication(s) | Rapports 2011 (sondages) et 2012 (fouille) de l'archéologie cantonale |
Responsable de la fouille | Olivier Heubi |
Dépôt des collections | OCC-SAP, Porrentruy |
Collections | Mobilier archéologique: - monnaies, fibules, bague en argent - céramiques, peson, fragments de lampes à huile - monnaies, fibules, plaques-boucles, boucles d'oreille, bagues, anneaux en bronze - plaques-boucles, lame, anneaux, pointe de flèche en fer - perles et récipients en verre, verre à vitre - stèles en grès molassique, dalles en molasse, blocs calcaire taillés, aiguisoir, meule - terre cuite architecturale : tegulae, imbrices, dallettes et pilettes d'hypocauste Matériel anthropologique: 54 squelettes Faune: ossements de bœuf, cheval, ovin et gallinacé Prélèvements: sédiments (parasitologie), charbons de bois (C14), dent ou calotte crânienne (ADN) Autres: géologie et sédimentologie (Michel Guélat), anthropologie de terrain (D. Rüttimann) |