Porrentruy, Château. Vue partielle du dépôt de boulets en pierre. Photo OCC-SAP
Durant l’automne 2017, le terrassement de l’esplanade du château pour la réfection d’un mur de soutènement menaçant de s’effondrer a nécessité un suivi archéologique. Ces travaux ont permis de dégager une série de fondations de murs, ainsi que des coulisses en pierre, ces différents vestiges datant de l’Epoque moderne (à partir des 16e-17e s.). Mais la découverte sans doute la plus spectaculaire correspond à un dépôt de 121 boulets en pierre mis au rebut, et dont on a profité de se débarrasser vers le 16e siècle lors d’un remblaiement, ceci avant la construction de certains des murs précités. Ces projectiles sont assez grossièrement taillés dans des calcaires locaux du Kimméridgien. Leur forme générale est sphérique, mais ils présentent souvent deux faces plates, surtout pour les plus grands.
On observe différents diamètres allant de 23cm à près de 60cm, pour des poids variant entre 16kg et plus de 250kg. Ces boulets constituent de toute évidence des munitions de trébuchet, les forts calibres présents nécessitant obligatoirement ce type d’engin pour être propulsés. On peut imaginer que les petits boulets pouvaient être catapultés en grappe (chevrotine) pour des tirs antipersonnel et les gros projectiles lancés individuellement pour saper des murailles.
Bien que contenus dans des niveaux de remblais ayant livré des objets plus jeunes, ces boulets datent vraisemblablement du Moyen Age, les trébuchets ayant été utilisés du 12e au 15e siècle dans nos régions. L’intégrité générale des munitions retrouvées semble témoigner qu’elles n’ont pas été tirées. Un plan datant de 1776 montre, à une quinzaine de mètres au sud-ouest du dépôt, un bâtiment aujourd’hui détruit et portant la mention « arsenal ». Il est fort probable que les boulets étaient stockés là et qu’on s’en soit débarrassé lors de l’abandon définitif des trébuchets. On considère généralement les trébuchets comme des armes de siège, mais leur utilisation à des fins défensives semble aussi attestée. Les munitions mises au jour peuvent, en toute hypothèse, être liées à l’événement historique suivant : en 1283, le prince-évêque de Bâle Henry d’Isny fait appel à son ami l’empereur autrichien Rodolphe de Habsbourg, afin qu’il l’aide à recouvrer ses propriétés d’Ajoie, usurpées par Renaud de Bourgogne. L’empereur vient donc faire le siège à Porrentruy. Après six semaines, le bourguignon se rend et restitue ses biens au prince-évêque.
Fiche technique du site
Commune / Localité | Porrentruy |
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Site / Abréviation | Château/POR-CH |
Localisation | 257’2350/125’2085. Alt. 457m |
Année de découverte | Site connu |
Contexte de découverte | Fouille de sauvetage programmée liée à la réfection d’un mur de soutènement |
Date(s) de la fouille | 25.09 au 14.12.2017 (en discontinu) |
Surface de la fouille | 150m2 |
Etat de la fouille | Achevée |
Etat de l’étude | Partiellement étudié |
Publication(s) |
AS 101, 2017, p. 238-239 Rapport d’activité 2017 de l’Office de la culture, p. 48-51 Rapport de l’archéologie cantonale 2017 (à paraître) |
Responsables de la fouille | Pierre-Alain Borgeaud |
Mobilier archéologique | Boulets en pierre, céramique, tuile, monnaies en bronze, objets en fer, os de faune |
Structures | Dépôt de boulets en pierre, fondations de murs, coulisses en pierre |
Datation | Archéologique. Moyen Age ; Epoque moderne |
Dépôt des collections | OCC-SAP, Porrentruy |