Au cours d'un vol de reconnaissance et de photographie aérienne lors de l'été sec de 1983, J.F. Nussbaumer a découvert dans un champ de trèfle le tracé d'un fanum. Situé à moins de 100 m au nord du cimetière "En Solier", l'édifice formait un podium carré de 16 m de côté et la cella atteignait 8 m. Les murs avaient jusqu'à 1 m d'épaisseur. Un ambitus d'environ 3 m de large était perceptible. Aucun temenos n'a pu être repéré.

Lors de visites de terrain, des fragments de céramique, de tuiles et de pierres calcaires ont pu être ramassées en 1983 et 1985 sur l'emplacement du fanum.        

Vue du fanun lors du vol de reconnaissance et de photographie aérienne en 1983. Vue du fanun lors du vol de reconnaissance et de photographie aérienne en 1983. A l'arrière plan, le cimetière "En Solier".

Du 6 au 17 octobre 1986, des sondages ont été effectués sous la direction de F. Schifferdecker. Une tranchée d'environ 10 m2 a été dégagée et quelques sondages ponctuels ont précisé l'étendue du fanum. Les murs, ne comportant plus qu'une unique assise de fondations, étaient enfouis peu profondément sous terre (environ 25 cm); ils se trouvaient en mauvais état de conservation, les labours ayant laissé des cicatrices aussi bien dans les limons stériles sous-jacents qu'au sommet des murs. Un fragment de céramique sigillée a été déterminé comme production de l'atelier de Comitialis 4 / Reginus 2, en activité au début du 3e s., à Rheinzabern, vers Karlsruhe (D).

L'édifice formait un podium carré de 16 m de côté et la cella atteignait 8 m. L'édifice formait un podium carré de 16 m de côté et la cella atteignait 8 m.

Le contexte du fanum est difficile à cerner. Ce type de sanctuaire n'est pas forcément situé à proximité d'un emplacement habité, villa ou agglomération. Il peut succéder à un ancien lieu de culte celte, mais aucun élément n'est venu confirmer une telle hypothèse. Il faut bien convenir que les fouilles ont été rapides et succinctes. La charrue poursuit inexorablement son œuvre destructrice...

D'autres questions restent en suspens: quelle était la divinité topique qui y était honorée ? Quels pouvaient être les accès à ce lieu de culte ? Quelles étaient ses relations possibles avec les sites romains avoisinants ? De nouveaux indices viendront peut-être enrichir nos connaissances ultérieurement.

Le contexte gallo-romain du fanum et des environs de Porrentruy n'a pas bénéficié de découvertes spectaculaires, mais une multitude d'indices permet d'évoquer une présence continue et une utilisation déjà romaine du site de la ville médiévale. En 1712, la mise au jour d'un dépôt monétaire de plus de deux cents pièces romaines dans le jardin du château de Porrentruy rappelle son équivalent du "Cras Roquet" de Coeuve. Ces monnaies ont été dispersées. En 1756, un écolier découvrit plusieurs pièces dans les pâturages environnant ce jardin. En 1843, Quiquerez relève avoir trouvé à la Réfous un "Alexandre-Sévère". Quiquerez mentionne également que des monnaies auraient été découvertes "dans les fondations de la Fonderie, d'où la fontaine du Mapetschu tire sa source", soit près de la Banque Cantonale du Jura actuelle. Une monnaie attribuée à Tibère, trouvée lors des récentes fouilles de l'Hôtel-Dieu, contribue à confirmer les mentions de Quiquerez. Les débris de tuiles romaines recueillis en divers endroits, Saint-Germain, Saint-Pierre, sondages à l'ouest de la ville, accréditent la thèse d'un habitat sur le site de Porrentruy.

La voie romaine large de 6,50 m, identifiée lors des travaux de l'A16, sur un axe est-ouest de plus de 3 km entre Alle, Noir Bois et Porrentruy, Sous Hermont, a été utilisée dès le 1er s., comme en témoignent les découvertes de poterie sigillée ou de monnaies romaines dont les plus anciennes datent de Claude. L'axe de communication Vesontio (Besançon) - Augusta (Augst), traversant le site de Porrentruy, recevait au large d'Alle, Pré au Prince un embranchement en provenance de Pierre Pertuis - Petinesca (Studen) - Aventicum (Avenches).

Fiche technique du site

Commune / Localité Porrentruy / Porrentruy
Site En Solier
Datation et type de site
- principal
- secondaire

Époque romaine, fanum
Année de découverte 1983
Contexte de découverte Vol de reconnaissance et de photographie aérienne
Date(s) de la fouille 1986
État de la fouille Achevée
Étude Non étudiée
Publication(s) Schifferdecker, F. Le Fanum de Porrentruy, AS 10, 2, 1987, pp. 70-73.
Responsable de la fouille François Schifferdecker
Dépôt des collections OCC-SAP, Porrentruy