Canton du Jura

La campagne de fouille entreprise en 2004 et 2005 au lieu-dit La Verrerie, sur la commune de Rebeuvelier, a permis de redécouvrir l'ancienne verrerie dite "de Roches" fondée en 1797. Les informations relatives aux aménagements intérieurs de la halle de fusion ou aux types de productions issues de ces ateliers en activité jusqu'en 1865 sont quasi inexistantes.

Préalablement à l'intervention archéologique, le dépouillement des archives historiques et cadastrales a permis de situer l'emplacement des divers bâtiments sur la zone excavée. Edifiées en périphérie de la halle, plusieurs constructions annexes (maisons d'habitation, écuries, magasins, etc.) formaient le hameau verrier. Celles-ci n'étant pas directement touchées par les aménagements autoroutiers de la Roche Saint-Jean, les investigations se sont concentrées sur la halle de fabrication et le moulin hydraulique.

De plan quadrangulaire, la halle de fusion s'étend sur une surface d'environ 750 m2 (25 m x 30 m), son sol est recouvert de dalles calcaires et de briques sur chant. En son centre, formé par une maçonnerie de pierres et de briques, s'élève un four de fusion quadrangulaire à ailettes (8,20 m x 10 m). Il s'organise autour d'une chambre de fusion centrale de 3 m x 4 m, de part et d'autre de laquelle sont insérées quatre arches secondaires qui s'ouvrent sur les côtés nord et sud du four. Les côtés ouest et est sont réservés à la manutention des creusets à l'intérieur de la chambre de fusion et au travail à chaud du verre en fusion auquel on accédait par des ouvreaux.

Les soubassements de cette imposante structure sont constitués par une cave voûtée d'environ 1,60 m de haut qui traverse la halle d'ouest en est et dont l'extrémité oriental est obturée par une grille. Cette cave, accessible par un escalier situé contre la paroi ouest de la halle, permet de procéder aux curages périodiques des grilles du four et des cendriers disposés sous la chambre de fusion.

Plusieurs batteries de fours utilisées pour préparer des matières premières, attremper des creusets préalablement à leur changement ou recuire des productions s'agencent autour du four de fusion, en bordures nord, est et sud de la halle de fabrication. Plusieurs niveaux de réaménagements ont été observés.

Outre l'abondance de ressources en bois, l'accès direct aux voies de communication et la proximité de gisements de sables vitrifiables, la présence d'un cours d'eau a favorisé le choix du lieu d'implantation de cet atelier. La force hydraulique est entre autre exploitée pour le broyage des argiles nécessaires à la fabrication des creusets. La découverte d'un moulin hydraulique, ou ribe, très arasé à l'est de la halle en constitue le témoin privilégié. Ce bâtiment de plan quadrangulaire mesure 10 x 13 m et a un sol pour moitié pavé de briques, pour moitié en terre battue. La roue à eau est installée à l'angle nord-est de l'édifice. Une pierre circulaire d'environ 1,60 m de diamètre pour une hauteur de 60 cm, possible meule dormante, a été retrouvé in situ.

Le matériel récolté, constitué dans une large proportion de groisil, de picadil et autres déchets de fusion, compte de nombreux outils en fer ou en fonte, quelques moules en terre cuite et de rares outils lithiques. L'observation des nombreux fragments de verre offre un premier aperçu des productions (verre à vitre, tuiles architecturales, bouteilles, bombonnes, fioles, flaconnage, gobeleterie et verrerie d'assortiment, etc.), des couleurs (blanc, brun, noir, vert, bleu, blanc opaque, etc.) et des techniques de fabrication (verre coulé, soufflé à la volée, soufflé dans un moule, gravé, taillé, peint, etc). En dernier lieu, les quelques fragments de céramique commune, pipes et chaussures en cuir renvoient à la vie quotidienne des artisans verriers.