Canton du Jura

L’abri-sous-roche des Gripons est le premier site découvert et fouillé sur le tracé de l’A16 dans le Jura. La fouille y a été menée selon les principes des fouilles stratigraphiques fines en grotte, avec tamisage systématique des sédiments et récolte des vestiges fugaces jusqu’à une maille de 2 mm.

Cette modeste cavité naturelle a été fréquentée à plusieurs reprises pendant la préhistoire. L’horizon archéologique le plus important remonte au Mésolithique ancien, soit entre 9000 et 8500 av. J.-C. Des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs y installèrent leur campement temporaire. Au terme de leur séjour, les occupants abandonnèrent sur le sol divers reliefs de leurs activités, comme des outils et des déchets de taille du silex, des restes de foyer (pierres brûlées et charbons de bois) et des esquilles d’ossements animaux calcinés.

L’industrie lithique est caractérisée par l’abondance d’armatures microlithiques dites pygmées, destinées à être emmanchées sur des hampes de flèches, et par le nombre élevé de grattoirs. Les autres formes d’outillage sont discrètes. 

L’analyse spatiale des vestiges a permis de déceler un agencement significatif de ceux-ci. Un atelier de débitage du silex et de fabrication de grattoirs a pu être mis en évidence. Les grattoirs furent ensuite utilisés sur place pour des opérations de tannage ou de pelleterie comme le montre l’étude tracéologique. Ces activités se sont déroulées de part et d’autre d’un foyer. Les études spécialisées permettent de compléter le tableau.

La détermination des restes osseux indique la chasse d’aurochs, de cerf, de sanglier, de castor et d’espèces à fourrures. La récolte des fruits et baies est également attestée par la présence de coquilles de noisettes carbonisées. L’étude de la provenance des silex indique l’utilisation des ressources locales avec un recours ponctuel à une matière première plus éloignée, provenant sans doute d’Olten.

Au Mésolithique récent, l’abri ne sert plus que de halte éphémère, sans que l’on puisse déceler les traces d’une réelle installation. Par la suite, il semble encore recevoir la visite des hommes du Néolithique et de l’âge du Bronze.
Une étude environnementale pluridisciplinaire associant sédimentologie, malacologie, palynologie et anthracologie a permis de reconstituer le cadre naturel dans lequel ont évolué les hommes mésolithiques. L’évolution de l’environnement forestier durant les périodes climatiques du Boréal et de l’Atlantique a pu ainsi être suivie.