L’ancienne église paroissiale de Saint-Ursanne s’élevait sur le côté nord du cloître de la collégiale. Primitivement dédiée à saint Pierre, elle passa ensuite sous le vocable de saint Blaise. Elle fut détruite jusqu’à la hauteur du toit du cloître en 1898 et utilisée comme remise. Trois sarcophages ont été découverts lors de sa démolition.
En 1958, les fouilles effectuées sur une petite surface du chœur ont permis de mettre au jour, sous le niveau du sol correspondant au bâtiment du 12e s, des fragments de deux sols plus anciens et des parties de murs, dont un portait des traces d’enduit peint. Plusieurs sépultures furent découvertes. Un cercueil, dont le bois était partiellement conservé, contenait un squelette orienté la tête à l’est. Des restes d’étoffe furent retrouvés à la hauteur de la ceinture. Aux pieds, de nombreux fragments d’une poterie noire non vernissée semblent dater des 12e-13e s.
Les dernières campagnes de fouilles ont permis d’avoir une idée plus précise des constructions précédant l’ancienne église Saint-Pierre. Sous les murs nord et est du chœur roman furent découverts des fragments de murs plus anciens formant un angle, en moellons taillés, la plupart en pierre calcaire. L’élévation des murailles était couverte d’un crépi lisse blanchi à la chaux. Un sol de mortier de chaux était conservé sur une surface d’un mètre carré. D’après la profondeur des fondations des murs, il est possible qu’un sol plus ancien ait existé. Une partie des fondations des murs ouest et sud du bâtiment ont pu être trouvées, mais le mur nord n’a pas pu être constaté.
Une cinquantaine de sarcophages monolithiques, en relation avec ce premier bâtiment archéologiquement compréhensible, ont été dégagés, dont 32 à l’intérieur de l’église. Ils sont façonnés dans un calcaire de provenance locale. En forme de trapèze, avec un couvercle bombé, ils deviennent plus étroits à l’emplacement des pieds. Certains sont décorés de stries. A trois exceptions près, ils sont orientés vers l’est. A l’intérieur de l’un d’eux, un anneau d’argent du 7e s a été retrouvé.
Plan des sarcophages monolithiques mis en relation avec le premier bâtiment archéologiquement compréhensible.
La profondeur et la répartition des sarcophages permettent de supposer l’existence de murs exactement à la place de ceux de l’ancienne église et d’un mur de traverse séparant la nef en deux. Ce bâtiment rectangulaire, à large chœur, date des environs de l’an 700. Il a servi d’église funéraire pour les moines aux 7e-8e s. Il a été précédé d’une autre construction, attestée par un mètre de mur.
Vers la fin du premier millénaire, cette église fut remplacée par un bâtiment rectangulaire pourvu d’une abside hémisphérique, dont les restes ont été dégagés à la limite du chœur roman et de la nef, ainsi que des vestiges de murs et d’une porte dans l’angle nord-ouest de la nef.
Ce bâtiment a été agrandi au 12e s. et a subi ensuite de nombreuses modifications, avant d’être démoli en 1898. La construction du Roman tardif avait un chœur rectangulaire, primitivement voûté, et une nef à une travée et à plafond plat qui ont été pourvus de fenêtres à double arcature aux 16e-17e s. De nombreux canaux de drainage, destinés à assécher l’église, purent être observés, le plus ancien remontant à l’époque de l’église à abside.
Par sa forme et son volume, le musée lapidaire est une reconstitution de l’ancienne église paroissiale, réalisée en 1981-82 d’après de vieilles photos et des plans d’archives. Plusieurs éléments ont été intégrés dans la construction, dont la croix pattée d’époque carolingienne, visible au linteau de la porte.
Fiche technique du site
Commune / Localité | Clos du Doubs / saint-Ursanne |
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Site | Église Saint-Pierre |
Datation et type de site - principal - secondaire |
Haut Moyen Age, église et nécropole |
Année de découverte | 1958 |
Contexte de découverte | Fouilles d'un site connu |
Date(s) de la fouille | 1958, 1964-1965, 1968, 1973-1974 |
État de la fouille | Achevée |
Étude | Achevée |
Publication(s) | Quiquerez Auguste, Monuments de l’Ancien Évêché de Bâle. Églises, 1983, pp. 92 - 94. Sennhauser Hans Rudolf, St-Ursanne, archäologische Untersuchung der Kirche St-Pierre, AS 10, 2, 87, pp. 91-96. Lapaire Claude, RSAA, 19, 1959, pp. 116-118. Lapaire Claude, Les constructions religieuses de Saint-Ursanne et leurs relations avec les monuments voisins, 7e-12e s., 1960. |
Responsables de la fouille | Claude Lapaire Alban Gerster Hans Rudolf Sennhauser |
Dépôt des collections |
Musée lapidaire, Saint-Ursanne |