Plaque-boucle et contreplaque damasquinées attribuées au site de Beurnevésin. Epoque mérovingienne, 7e s.
Fer, argent et laiton. Longueur de la contreplaque: 14,5 cm.
Au 19e s., les travaux routiers ont livré du matériel archéologique qui, faute de fouilles dûment documentées, nous laisse dubitatifs quant à l’interprétation des témoignages de l’époque. Au nord de Beurnevésin, lors de réfections à la "nouvelle" route menant à Réchésy, on découvrit en 1858 et 1864 des sépultures que Quiquerez explora plus en détail en 1865. Le compte-rendu qu’il rédigea alors nous permet de comprendre la perplexité du scientifique ou la complexité du gisement.
Il cite les sépultures celtiques trouvées une "douzaine" d’années auparavant, reconnaissables aux bracelets ou aux grandes aiguilles à cheveux en bronze. Lors des travaux de 1864, "on coupa les jambes à une dizaine de squelettes, couchés au dos, sous un mètre de gravier, la tête au nord et les pieds au sud. Parmi ces débris humains, il y avait des colliers composés de grains d’ambre, de verre et de terre de couleurs diverses, des chaînettes de cuivre ou laiton servant en même temps de collier et de bracelet." Ces détails lui firent émettre l’hypothèse d’une origine "gallo-burgonde", qu’on appellerait maintenant mérovingienne.
Un détail jette le trouble. Quiquerez précise à propos d’une chaînette: "...la même chaînette se fermant au cou par un crochet et s’enroulant ensuite autour du poignet, en laissant un long bout flottant pour ne pas gêner les mouvements du bras." Cette description pourrait correspondre à l’illustration de la page 66 des "Derniers barbares", mais une chaînette qui pourrait être similaire est signalée et illustrée dans l’article sur la nécropole celte de Gempenach.
Quiquerez fouille une tombe étrange pour la période mérovingienne: "La première nous a offert un squelette enterré dans une petite cavité cubique de vingt-quatre pouces de côté, le corps replié, dans la position d’un enfant dans le sein de sa mère et la tête un peu penchée vers l’Orient. C’était un homme de haute stature, ayant encore toutes ses dents, fort belles et bien saines." L’inhumation en position fœtale est pour le moins inhabituelle à cette époque et, ne serait-ce les chaînettes et colliers des sépultures voisines, Quiquerez n’aurait pas hésité à attribuer sa découverte aux temps celtiques. Mais le cas se complique encore par la "présence d’ossements humains déposés avec peu d’ordre dans la couche de terre végétale au-dessus du corps replié, et qui ne peuvent provenir que d’une inhumation postérieure."
L’énigme s’épaissit quand fut découvert "un squelette de grande taille, étendu sur le dos, la tête au nord, les pieds au sud. Il était également enterré dans le gravier pur et l’on n’a pu trouver aucun objet d’antiquité, si ce n’est un rognon de silex duquel on a détaché des parcelles pour en former des pointes de flèches ou de petits instruments."
En l’absence d’arguments déterminants et n’ayant pas de thèse prédominante à soutenir, nous nous contenterons de proposer comme interprétation l’utilisation de ce site à plusieurs périodes différentes, la terminologie de Quiquerez étant à adapter à notre nomenclature moderne.
Fiche technique
Commune |
Beurnevésin |
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Site |
En face du "Faira" |
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Datation, Type de site principal secondaire |
Haut Moyen Age (?), nécropole (?) Age du Fer (?) |
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Année de découverte |
1858 |
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Date de fouille |
1865 |
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Surface de fouille |
Inconnue |
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État de la fouille |
Achevée |
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Étude |
Non étudiée |
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Responsable(s) |
Auguste Quiquerez |
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Dépôt de collections |
OCC-SAR, Porrentruy HMB, Bâle |
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Publications |
Quiquerez Auguste, Monuments celtiques et sépultures antiques de Beurnevésin, Bulletin de l'Institut national genevois, XII, 1865, pp. 233-239 Joliat Henri, Époque des invasions et peuplement du Jura bernois, ASJE 51, 1947, pp. 131-132 Demarez Jean-Daniel, Répertoire archéologique du canton du Jura, 2001, pp. 71-72 |