Canton du Jura

Le lieu-dit "La Chèvre" est situé à 1 km environ à l'est de Montsevelier. Sa configuration est celle d'un petit plateau en cuvette d'où jaillit une source; il est bordé de pentes boisées et abruptes. Jusqu'au début de ce siècle, un passage en direction d'Erschwil (SO) aurait emprunté cette trouée.

Lors du creusage d'une tranchée de drainage dans ce secteur, quelques tessons de céramique attirèrent l'attention d'un agriculteur. La fouille, élargie d'environ 1 m, révéla à une profondeur de 25 à 30 cm un foyer de terre rougie où se mêlaient cendres et charbons de bois. Il était entouré de poteries bien regroupées et en assez bon état de conservation. Quelques morceaux d'argile cuite ont été prélevés dans le foyer. Il s'agit là des seules "fouilles" exécutées sur ce site.

Après étude, il s'avéra que ce lot, comprenant une vingtaine de pièces telles que pots, gobelets et cruches à goulot tréflé, n'est autre qu'un amas de ratés de cuisson. Cette céramique, tournée et à pâte grise généralement fine, trouve ses meilleures comparaisons dans les ensembles funéraires de l'Est de la France et de la Suisse occidentale appartenant alors au royaume franc. La datation la plus plausible, basée sur la forme et la technique de fabrication, fait remonter ce lot à la deuxième moitié du 7e s.

Cette occupation du Haut Moyen Age pourrait être liée au développement de l'abbaye de Moutier-Grandval dont l'emprise progressive sur les contrées avoisinantes est connue; une filiale du couvent est attestée à Vermes à la fin du 9e s.

Un tel site peut s'expliquer aussi par la proximité de voies de communication, puisque le Welschgätterli et, à quelques kilomètres seulement de "La Chèvre", le Fringeli, furent utilisés comme passages entre le Rhin et le Plateau suisse.

Cet établissement, dont la durée d'occupation nous échappe totalement, pourrait également être lié à l'exploitation de gisements de minerai de fer présents dans la région.