Canton du Jura

Des travaux d'extension du thermoréseau de Porrentruy ont donné lieu à une surveillance archéologique. Un suivi renforcé a été effectué sur un tronçon sensible, situé à l'est de l'église St. Germain, sous le Chemin des Vanniers, en dehors du mur d'enceinte de l'ancien cimetière. Les travaux d'excavation ont néanmoins partiellement détruit une série de tombes, ainsi qu'un ancien chenal comblé. Ces vestiges ont heureusement été repérés assez rapidement en stratigraphie, permettant d'organiser une fouille de sauvetage. Ainsi, 29 structures principales ont été documentées. Elles correspondent à 26 tombes, deux chenaux et une ancienne voie de circulation.

Cet ancien chemin constitue un bon repère pour l'établissement d'une chronologie relative des vestiges. Situé vers 1m de profondeur, il est composé de pierres hétérométriques recouvertes d'un revêtement carrossable de graviers plus fins. Cette voie suit à peu près le tracé de la route actuelle. Le mobilier associé à cet aménagement consiste essentiellement en os de faune, fragments de tuiles tegulae et à de rares tessons de céramique romaine. La structure a été rechargée et ces réparations ont livré notamment des fers à cheval des 13^e au 15^e siècles. Ce matériel suggère une construction de la voie à l'Epoque romaine et une utilisation qui perdure jusqu'au Bas Moyen Age. Deux chenaux naturels comblés sont également apparus. Larges de trois à quatre mètres et profonds de plus d'un mètre, ils peuvent correspondre à d'anciens méandres du ruisseau Le Bacavoine aujourd'hui canalisé. Leur remplissage a livré un fragment de tuile tegula pour l'un et quelques tessons de céramique commune probablement romaine pour l'autre.

Les tombes sont toutes à inhumation et les ossements sont particulièrement bien conservés. Parmi les 26 sépultures reconnues, 23 présentent une orientation ouest-est et trois nord-sud. Aucune n'a livré de mobilier funéraire et des datations ¹⁴C sont à prévoir. Sept fosses se sont révélées vides d'ossements ou alors ont été réduites, les squelettes étant fortement perturbés ou partiels. Dix-neuf sépultures paraissent en place et parmi celles-ci on observe une tombe double. La base de deux tombes (un enfant et un nouveau né) repose sur la surface carrossable de la voie. Onze autres sépultures (plutôt des adultes) recoupent cet ancien chemin, mais le niveau d'implantation des fosses paraît comparable aux deux précédentes. Les corps sont généralement en décubitus dorsal avec dans un cas les jambes fléchies. Les têtes sont situées à l'ouest sauf une qui est à l'est. Une datation médiévale, sans plus de précision, est pour le moment proposée pour ces treize premières sépultures. Dix autres tombes (au moins cinq enfants, un juvénile et trois adultes) sont apparues sous l'ancienne voie. La position des corps est dans certains cas assez "extravagante", notamment dans la double inhumation (un enfant et un juvénile). Les crânes sont tous situés à l'ouest. Ces inhumations peuvent dater de l'Epoque romaine et peut-être de la fin de cette période, leur datation étant à préciser par ¹⁴C. Trois dernières sépultures, situées au nord du site et en dehors du tracé de l'ancienne voie, montrent une orientation nord-sud. Ces structures, uniquement observées en coupe, sont implantées parallèlement et juste à l'extérieur du mur de l'ancien cimetière. Ces tombes sont les plus récentes du site comme l'attestent notamment leur position stratigraphique et la compacité des remplissages. Elles pourraient dater des 18^e-19^e. Un des défunts a la tête située au sud.