Fouille 2016

e tronçon de la voie romaine. On observe à gauche sa coupe et son insertion stratigraphie au pied d'un talus. e tronçon de la voie romaine.
On observe à gauche sa coupe et son insertion stratigraphie au pied d'un talus.

Une opération de surveillance réalisée lors d'un terrassement a permis de retrouver et de dégager un nouveau tronçon de la voie romaine qui devait conduire de Pierre-Pertuis à Mandeure. Cette chaussée avait déjà donné lieu à des fouilles extensives à Porrentruy, Sous Hermont, et à Alle, Pré Monsieur et Noir Bois au début des années nonante. Ces fouilles avaient montré une voie publique large de 6,50 - 6,70 m bordée de fossés latéraux. Le nouveau tronçon mis au jour en 2016 ne mesure que 4,40 m de largeur, cette envergure moindre étant peut-être due au fait que la voie se trouve ici dans le flanc d'un coteau et non en fond de vallée. Les fossés n'ont pas été retrouvés.

Le radier de la chaussée est constitué d'un rang de cailloux et blocs anguleux de calcaires soigneusement posés de chant, et dont les éléments mesurent entre 15 et 40 cm. Ce hérisson est pourvu d'un revêtement de graviers de 0,5 à 3 cm de diamètre liés par une matrice de limons argileux. Cette surface carrossable est particulièrement bien conservée sur la moitié méridionale de la voie. Elle est ici encore fortement compactée par les anciens passages de chariots et montre quelques vagues ornières.

Fouilles 2020

Second segment de la voie romaine (env. 38m). Photo OCC/SAP Second segment de la voie romaine (env. 38m). Photo OCC/SAP

Dans le cadre de la construction d’une usine, le service archéologique cantonal a pu mettre au jour la suite de la voie romaine partiellement fouillée en mai 2016, environ 70 mètres à l’ouest des présents travaux. Le suivi du terrassement a rapidement permis d’observer, inséré à mi-hauteur dans le talus délimitant la limite septentrionale de la vallée de l’Allaine, le radier de la route, qui s’étend sur un axe est-ouest.

Ces travaux ont conduit au dégagement de la voie, en plan, sur une longueur de 69 mètres. La couche, composée de silts remaniés et colluviés, recouvrant et scellant le tracé depuis le nord, a permis une très bonne conservation de la surface de la voie de circulation, dont la largeur maximale observée est de 3m60. La différence de largeur conservée sur cette parcelle, comparée aux autres segments environnants de la même route (4m40 lors de la fouille de 2016 et jusqu’à 6m70 à Alle – Noir Bois), est certainement due à l’érosion de la pente côté sud. La limite méridionale de la voie n’a en effet pas pu être définie, au contraire de la bordure nord, bien conservée. Au contraire des fouilles précédentes, aucun fossé latéral n’a pu être observé, ce qui pourrait être lié à la situation de la voie à mi-pente.

Le lit de la voie se compose d’une fine couche poussiéreuse de moins d’un centimètre contenant quelques gravats et éclats de taille, sur laquelle repose un hérisson de pierres calcaires, parfois crayeuses, dont certaines semblent avoir été grossièrement équarries. Elles mesurent en moyenne entre 15 et 30cm de côté et sont disposées de chant. L’espace entre les blocs est comblé par de plus petites pierres anguleuses. Le hérisson est surmonté du niveau de circulation, composé, sur la bande nord et dans le premier mètre de largeur, de graviers calcaires anguleux et de galets (3 à 5cm). Dans la zone médiane et dans la bande sud de la voie, le remplissage est presque exclusivement constitué de petits galets de rivière mêlés à du sable, dû certainement aux recharges successives de la route.

Coupe vue est à l’extrémité orientale de la voie. Photo OCC/SAP Coupe vue est à l’extrémité orientale de la voie. Photo OCC/SAP

Un léger pendage en direction de l’est a pu être mis en évidence, soit moins de 0.5% sur le tronçon dégagé. En prenant en compte l’altitude du tronçon documenté en 2016, la pente reste inférieure à 1% mais s’en approche. La voie devait certainement se poursuivre en descendant dans la plaine creusée par l’Allaine et traverser le cours d’eau quelques centaines de mètres plus loin, afin de rejoindre le segment mis au jour à Porrentruy – Sous Hermont. L’axe nord-sud marque également un léger pendage ; les relevés altimétriques démontrent en moyenne que les parties nord et médiane de la voie sont plus élevées de 5 à 10cm par rapport au tiers sud. Ces différences s’expliquent sans doute par les mouvements de terrains induits par la topographie : apport de sédiment colluvionné côté nord et affaissement côté sud.

Détail de la voie romaine, extrémité occidentale. Photo OCC/SAP Détail de la voie romaine, extrémité occidentale. Photo OCC/SAP

Le mobilier récolté ne compte que quelques objets, soit une dizaine de clous, deux panses de cruches romaines, ainsi qu’une boucle en bronze, appartenant à une pièce de harnachement. Les deux tessons récoltés dans la couche de silts recouvrant la voie nous autorisent à penser que ce tronçon n’était déjà plus en fonction à la fin de la période romaine. Il est probable que des mouvements de terrain aient recouvert ce tronçon plus rapidement qu’ailleurs, notamment le segment d’Alle – Noir Bois, où quatre tombes du Haut Moyen Age bordent la route.

Fiche technique

Commune

Porrentruy

Site/Abréviation

Sous Roche de Mars/POR-RM

Localisation

2016 : 2'573’545/1'252'030. Alt. 433m

2020 : 2'573’640/1'252’040. Alt. 432m

Datation, Type de site
principal  

secondaire

 

Epoque romaine, voie de communication antique

Année de découverte

2016

Contexte de découverte

2016, fouille de sauvetage non programmée (construction d’un laboratoire de boulangerie)

2020, fouille de sauvetage programmée (terrassement pour construction d’une nouvelle usine)

Date de fouille

mai 2016 ; 5 novembre au 14 décembre 2020

Surface de fouille

2016 : 80m2

2020 : env. 200m2

État de la fouille

Terminée

Étude

Non étudiée

Références bibliographiques

Rapport 2016 de l’archéologie cantonale

Rapport 2020 de l’archéologie cantonale (à paraître)

J.-D. Demarez, B. Othenin-Girard, Une chaussée romaine avec relais entre Alle et Porrentruy, CAJ 8, Porrentruy, 1999

J.-D. Demarez, Répertoire archéologique du canton du Jura : du Ier siècle avant J.-C. au 7e siècle apr. J.-C., CAJ 12, 66-67, Porrentruy 2001

AAS 100, 2017, 238, fig. 35

AAS 104, 2021, 188, fig. 39

Responsables de la fouille

Pierre-Alain Borgeaud (2016)

Geoffroy Luisoni (2020)

Mobilier archéologique céramiques, tuile, clous, clous de chaussure, boucle d’harnachement en bronze
Datation archéologique; dès le 1er s. ap. J.-C.

Dépôt de collections

OCC-SAP, Porrentruy