Retranscription des voix de la vidéo


Journaliste: «20 mars 1977, les Jurassiens acceptent leur première constitution.»

François Lachat, président de l'Association Constituante: «Le 20 mars, on votait sur deux choses: le peuple qui disait "oui" acceptait la Constitution que nous avions écrite et il donnait un mandat à la Constituante et à son bureau de se comporter comme un Gouvernement de ce "gamin" qui n'était pas encore né juridiquement. Alors nous avons travaillé comme un Gouvernement et avons continué à émettre les lois. Certaines lois n'ont pas été touchées, ont été reprises telles quelles de Berne, mais en ce qui concerne les plus importantes, par exemple la loi sur les droits politiques, on a tout refait.»

Journaliste: «Un travail déjà bien avancé par une commission d'avocats jurassiens qui avaient préparé une constitution de manière volontaire et bénévole. Le texte a ensuite été rédigé par José Voyame, dans des conditions entrées désormais dans la légende.»

Joseph Voyame: «Mes amis m'ont demandé de rédiger la Constitution. Comme nous étions très pressés et qu'il faisait très beau, j'ai rédigé le projet de Constitution en une semaine, sous un arbre, près de Saint-Brais.»

Journaliste: «La première Constitution jurassienne recueille l'approbation du peuple, mais aussi des éloges de la Suisse toute entière, par son côté progressiste.»

Joseph Voyame: «On peut la traiter de progressiste, car sur bien des points, elle allait un peu au-delà de ce qui existait à l'époque. C'était la première à proclamer l'égalité de l'homme et de la femme, ou encore la première à proclamer l'institution d'une assurance obligatoire."

Journaliste: «Au final, les Jurassiens acceptent cette Constitution à plus de 80%. La participation atteint elle aussi 80%.»

François Lachat: «On espérait un score soviétique, du 99%, mais ce n'était bien sûr pas possible. Et voilà, on vient proclamer les résultats. Tous les membres du Bureau: Béguelin, Voyame, Beuret, Paupe... Il y a un monde fou, comme lors des dernières Fêtes du Peuple de cette époque.»

On entend des cornes de chasse en arrière fond.

Journaliste: «Le peuple jurassien, présent aussi une année plus tôt le 12 avril 1976, lors de l'investiture de l'Assemblée onstituante, préambule à la naissance politique du Canton du Jura.»

François Lachat: «Ça m'émotionne beaucoup d'entendre ça, surtout les cornes de chasse. Et vous savez, ça a 31 ans, ces images, ça ne me rajeunit pas beaucoup, toute cette affaire. Immense émotion.»

Journaliste: «50 constituants prêtent serment ce jour-là, dans l'Eglise Saint-Marcel.»

François Lachat: «On se sentait investi de la confiance du peuple, on savait que le peuple nous surveillait, qu'il attendait de nous de bonnes et de grandes choses. Il y avait une soif de liberté. C'est pour cela que nous avons vite travaillé.»

En arrière plan, on aperçoit les constituants entrer dans l'Eglise Saint-Marcel.

François Lachat: «Voilà, à ma gauche Valentine Friedli, la seule femme de la Constituante. Y en a déjà une série qui sont loins. Roger Schaffter…»

Journaliste: «…Roger Schaffter, président de la cérémonie, qui prononce alors un discours des plus marquants.»

Voix de Roger Schaffter: «A partir d'aujourd'hui, le destin du Jura va prendre un cours nouveau! … Aussi, la première chose qu'il convient de faire est de rendre hommage au peuple jurassien qui, dans sa passion de la liberté, va mener une lutte de près de trente ans, sans jamais se trouver désemparés et sans jamais désespérer. Et pourtant, que de difficultés à surmonter, face à un canton intraitable, au millieu de l'indifférence, voire de l'hostilité de la Confédération, les Jurassiens ont tracé leur chemin tout seuls. Et c'est tout seuls encore qu'ils l'ont emporté. Le peuple jurassien de doit rien qu'à lui-même.»

Journaliste: «Un véritable hymne aux jJrassiens qui n'auront jamais baissé les bras durant plusieurs décennies, comme ici en 1968 lors de l'occupation de la préfecture de Delémont.
En 1972, avec le goudronnage des rails du tram à Berne par le groupe Bêlier.
En 1972 encore, une manifestation en faveur de l'école romande, durement réprimée par la police: elle se soldera par plusieurs blessés et de nombreuses arrestations. Là, c'est le Groupe Bélier qui occupe l'Ambassade de Suisse à Paris. Le peuple brûlait d'obtenir son indépendance, ce qui explique aussi la vitesse à laquelle la Constituante a travaillé.»

François Lachat: «On a pondu cette Constitution en moins de sept mois. Je ne sais pas si vous vous rendez compte? On a commencé en avril, et en septembre c'était devant le peuple.»

Journaliste: «Une année et demie plus tard, environ, le Canton du Jura était né!»