Le Mésolithique
Les derniers chasseurs-cueilleurs
Avec le réchauffement climatique, le retour de la forêt et l'apparition d'une nouvelle faune caractéristique (cerf, chevreuil, sanglier, aurochs, castor, loup, etc.), l'homme s'adapte à un autre milieu.
L'évolution de la morphologie et des dimensions des projectiles en silex, amorcée dès l'Epipaléolithique aboutit à la généralisation des microlithes géométriques. Ce sont de petits éléments de formes souvent triangulaires ou trapézoïdales, qui, utilisés de manière combinée, permettent la fabrication de projectiles. Une nouvelle arme se développe en effet: l'arc.
Les découvertes effectuées jusqu'ici en Ajoie, à Saint-Ursanne et dans la Vallée de Delémont s'ajoutent aux abris sous roche connus le long de la Birse en aval de Liesberg.
Exemples de reconstitution d'aménagement des flèches avec l'aide d'armatures microlithiques, réalisée par L. Pirnay 1) d'après les expérimentations qu'il a effectué. Le montage sur la droite de l'illustration a été réalisé avec des armatures découvertes sur les sites de Bure, Montbion pour la première te de Porrentruy, Hôtel-Dieu pour la seconde.
(Photographie: B. Migy; Montage: S. Maître).
Dans la région de Saint-Ursanne, l'abri sous roche des Gripons, situé dans un vallon latéral de la vallée du Doubs, a révélé une industrie microlithique riche en armatures triangulaires datée de 7500-7000 av. J.-C. Le silex taillé sur place est essentiellement de provenance locale et régionale (Cornol, Alle, Olten), montrant une adaptation de ces populations à la région. Le travail des peaux est aussi attesté dans ce petit abri occupé passagèrement. Deux millénaires plus tard, un autre groupe humain du Mésolithique récent, porteur d'une industrie microlithique de trapèzes et de lames type Montbani, fréquenta cet abri et y fabriqua probablement des arcs si l'on se réfère aux très nombreux charbons de bois d'if retrouvés sur place.
Des traces du Mésolithique récent à final ont également été mises au jour sur le site de Delémont-En La Pran localisé à l'emplacement de l'actuel échangeur autoroutier de Delémont ouest. Sur ce site de plein air en bordure de ruisseau, plusieurs ateliers de taille du silex ont été découverts ainsi qu'un outillage très typique pour la période (grattoirs, lames Montbani, trapèzes, pointes de Bavans, fléchettes légèrement asymétriques). Les matières taillées proviennent en majorité de gisements régionaux (Alle et Pleigne et dans une moindre mesure d'Olten/SO et d'Aarau/AG). Les nucléus cannelés très réguliers qui accompagnent cette industrie attestent d'une évolution dans les modes de débitage avec l'introduction de la percussion indirecte.
Armatures en silex provenant des fouilles de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy. La plus petite mesure environ 6 mm de long.
En Ajoie, deux sites mésolithiques ont été mis au jour, l'un à Porrentruy, dans la cour arrière de l'Hôtel-Dieu, et l'autre sur la commune de Bure, au lieu-dit Montbion. Ils sont contemporains de l'occupation la plus ancienne des Gripons et sont rattachés au groupe du Jura septentrional, techno-complexe du Mésolithique ancien II/III à tendance beuronienne.
Des traces sporadiques ont été recueillies tout au long du tracé de l'A16 en Ajoie, matérialisées par quelques pièces isolées, principalement des armatures de projectiles. Ces éléments se retrouvent sur les communes d'Alle, de Boncourt, de Chevenez et de Courtedoux.